La branche du groupe jihadiste État islamique « impliquée » dans l’attaque meurtrière à Moscou « avait conduit ces derniers mois plusieurs tentatives » sur le « sol » français, a déclaré, lundi, le président Emmanuel Macron. Alors que le plan Vigipirate a été relevé à son niveau maximal, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé « 4 000 militaires supplémentaires » placés « en alerte », ajoutant que deux projets d’attentat avaient été « déjoués » en France depuis le début de l’année.
Une organisation terroriste qui était déjà dans le viseur de Paris. La branche du groupe jihadiste État islamique (EI) « impliquée » dans l’attentat de Moscou « avait conduit ces derniers mois plusieurs tentatives » sur le « sol » français, a déclaré, lundi 25 mars, Emmanuel Macron, après le relèvement du plan Vigipirate à son niveau maximal.
« Il faut se garder de toute instrumentalisation ou déformation, mais être exigeants et efficaces. C’est dans cet esprit que nous avançons et j’espère que la Russie fera de même », a dit le président français à son arrivée en Guyane, alors que Vladimir Poutine a pointé une responsabilité de l’Ukraine.
« Ce serait à la fois cynique et contre-productif pour la Russie elle-même et la sécurité de ses ressortissants d’utiliser ce contexte pour essayer de le retourner contre l’Ukraine », a-t-il insisté devant la presse.
Le groupe EI a revendiqué l’attaque perpétrée vendredi soir dans une salle de concert près de Moscou, qui a fait au moins 137 morts. Sa branche afghane, le groupe État islamique au Khorasan (EI-K), est la première suspecte pour les experts du terrorisme mondial.
L’EI-K, qui a fait son apparition dans l’est afghan en 2014, cherche à établir un califat qui s’étendrait en Afghanistan, au Pakistan, au Turkménistan, au Tadjikistan, en Ouzbékistan et en Iran.
« Coopération accrue » proposée à la Russie
Selon Emmanuel Macron, les services de renseignement français estiment que cette entité « a fomenté cet attentat et l’a mis à exécution ».
L’exécutif a pris acte, lors d’une réunion dimanche soir à l’Élysée, que « ce groupe particulier qui est impliqué, semble-t-il, dans cet attentat, avait conduit ces derniers mois plusieurs tentatives sur notre propre sol », a expliqué le chef de l’État. « Et donc, compte tenu de ses ramifications et de ses intentions, par mesure de précaution mais avec des éléments crédibles et solides », il a « décidé de hausser la posture de Vigipirate », qui avait été abaissée en janvier.
Emmanuel Macron a assuré que la France avait « proposé aux services russes, comme à nos partenaires de la région, une coopération accrue », « compte tenu des informations dont nos services disposent et des éléments qui peuvent être utiles aux Russes ».
Prié de dire s’il pourrait en parler lui-même directement avec son homologue russe, il a répondu que les contacts se feraient au niveau « technique et ministériel » dans « un premier temps ». « Nous verrons l’évolution du contexte et si les jours ou semaines qui viennent le justifient », a-t-il ajouté.
Gabriel Attal annonce « 4 000 militaires supplémentaires » placés « en alerte »
De son côté, le Premier ministre Gabriel Attal s’est rendu, lundi en début d’après-midi, à la gare Saint-Lazare à Paris pour saluer les forces de l’ordre, dont les militaires de la force Sentinelle, après le relèvement du plan sécuritaire Vigipirate, a annoncé Matignon.
Lors d’une visite du PC sécurité de la gare et après avoir échangé avec les diverses forces mobilisées, le chef du gouvernement a annoncé que des « moyens exceptionnels » seraient déployés « partout sur le territoire », avec « 4 000 militaires supplémentaires » placés « en alerte ».
« La menace terroriste islamiste est réelle, elle est forte » et « elle n’a jamais faibli », a-t-il dit, déclarant que deux projets d’attentat avaient été « déjoués » en France depuis le début de l’année.
Une réunion organisée par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, placé sous son autorité, s’est tenue avant cette visite à Saint-Lazare pour décider des mesures à prendre, comme après chaque changement de posture du plan Vigipirate.
Quand la France était passée à ce même niveau d’alerte « urgence attentat » après le meurtre de l’enseignant Dominique Bernard à Arras par un ancien élève radicalisé, jusqu’à 7 000 soldats de la force Sentinelle avaient été déployés sur le territoire.
Le plan Vigipirate a été ensuite rétrogradé au niveau 2 (« sécurité renforcée - risque attentat ») en janvier avant d’être de nouveau relevé dimanche soir.
Des menaces d’attentat contre près de 130 collèges et lycées
Le ministère de l’Éducation a par ailleurs indiqué lundi que près de 130 collèges et lycées ont été visés depuis la semaine dernière par des menaces d’attentat via les espaces numériques de travail (ENT), en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et la région Grand Est.
Les conditions de sécurité ont été renforcées dans plusieurs de ces établissements lundi.
L’opération Sentinelle a été lancée en janvier 2015, après l’attentat contre Charlie Hebdo. Jusqu’à 10 000 soldats (dont 3 000 en réserve) peuvent être engagés sur le territoire national, selon le ministère des Armées. Le volume des soldats déployés n’est pas figé et évolue selon les besoins.
La Direction générale de la sécurité intérieure réunira de son côté jeudi matin « l’ensemble des acteurs du renseignement » pour « tirer toutes les conséquences de l’attentat de Moscou », a annoncé lundi Gérald Darmanin.