En optant pour une stratégie de désinformation le Pentagone a pu désigner à sa guise l’ennemi des Etats-Unis. Cette doctrine permettait à l’armée américaine de frapper et mener ses attaques là ou elle voulait comme elle voulait, il suffisait de motiver les terroristes pour les forcer à commettre des attentats et de les châtier.
La cellule des P2OG a pour objectif de lancer des opérations préventives. Rumsfeld dira : « Notre tâche consiste à trouver et à détruire l’ennemi avant qu’il ne puisse attaquer. »
Le président Bush abondera dans cette stratégie : « Nous devons amener le champ de bataille jusqu’à l’ennemi et frapper les premiers ». Ceci implique que les Etats-Unis attaqueront à l’endroit et au moment qu’ils auront choisi. Henry Kissinger déclarera : « C’est une vision nouvelle, révolutionnaire. Le principe des attaques préventives contre des ennemis potentiels signifie que la notion de non-ingérence dans les affaires internes n’est plus de mise ».
L’analyste militaire William Arkin a dévoilé dans un article paru le 27 octobre 2002 dans le Los Angeles Times, le développement des capacités secrètes du Pentagone en matière de lutte contre le terrorisme qui trouve son origine dans la crise des otages en Iran en 1979. L’armée a créé une organisation très compartimentée, capable de recueillir des renseignements clandestins indépendamment du reste de la communauté du renseignement américain et de mener des actions militaires secrètes. Aujourd’hui (en 2002), elle opère sous le nom de code Grey Fox. En Afghanistan, elle a opéré aux côtés de la division paramilitaire des activités spéciales de la Central Intelligence Agency (CIA) et du Joint Special Operations Command du Pentagone.
L’étude exhortait le Pentagone à « prendre la menace terroriste aussi au sérieux qu’il prend la probabilité et les conséquences d’une guerre sur un théâtre majeur », en invitant les responsables à lancer des missions secrètes et des opérations de renseignement pour pénétrer et désorganiser les cellules terroristes à l’étranger. Certaines de ces opérations devraient viser à signaler aux pays qui abritent ces terroristes que « leur souveraineté sera menacée ».
William Schneider, qui était président de l’ORD à l’époque, a toutefois rejeté les inquiétudes, déclarant que le groupe avait pour objectif d’identifier les moyens par lesquels les unités d’opérations spéciales pourraient contribuer davantage à la guerre contre le terrorisme, et non d’empiéter sur l’autorité d’autres agences.
William Schneider a obtenu la création d’une super-activité de soutien au renseignement, le groupe d’opérations proactives et préemptives (P2OG), pour regrouper les actions secrètes de la CIA et de l’armée, la guerre de l’information, le renseignement, la couverture et la tromperie.
Cette doctrine subversive vise à forcer les organisations terroristes à passer à l’action pour mieux les détruire en appelant une riposte rapide de la part des forces américaines reposant sur des armes conventionnelles hypersoniques ou nucléaires.
William Schneider siégeait au sein de la commission sur les forces nucléaires, sponsorisée par le groupe de réflexion conservateur National Institute for Public Policy. Le rapport de la commission recommandait que les armes tactiques nucléaires soient traitées comme une partie essentielle de l’arsenal US et soulignait que dans des circonstances qui requièrent une destruction rapide et efficace de cibles prioritaires, les armes nucléaires tactiques étaient indispensables et beaucoup plus adaptées que les armes conventionnelles. Plusieurs signataires du rapport sont devenus des membres importants de l’administration Bush.
Les attentats du 11 septembre ont permis aux Etats Unis de sortir des accords du traité ABM de 1972 conclu entre les USA et l’ex-Union soviétique. Le 11 septembre a justifié l’annulation de la clause de l’article 14 du traité ABM qui interdisait l’extension de la militarisation de l’espace.
La doctrine de William Schneider était lancée et Vladimir Poutine a compris que le prochain ennemi désigné serait la Russie.
Selon Vladimir Poutine, le retrait des États-Unis du traité ABM en 2002 a obligé la Russie à commencer à développer des armes hypersoniques : « Nous avons dû créer ces armes hypersoniques en réponse au déploiement par les États-Unis d’un système de défense contre les missiles stratégiques qui, à l’avenir, serait capable de neutraliser virtuellement, de réduire à zéro tout notre potentiel nucléaire ». En 2007, interrogé sur les plans américains de déploiement de défenses contre les missiles balistiques en Europe, Poutine a mentionné que la Russie était en train de développer « des systèmes d’armes stratégiques d’un type complètement différent qui voleront à une vitesse hypersonique et seront capables de changer de trajectoire à la fois en termes d’altitude et de direction ».
La Chine estime que la militarisation de l’espace est regrettable, ce n’est pas une bonne initiative et ne contribue pas à maintenir la préservation d’un espace sain et stable.
Le système de Défense Anti-missile (BMDS) développé par les États-Unis, issu de l’Initiative de Défense Stratégique du président Reagan, intègre les trois armées. Jusqu’en 2002 elle intégrait l’armée de terre et l’armée de l’air. Maintenant la Navy fait partie du trio BMDS.
La défense anti-missile maritime a bénéficié du retrait du traité ABM par l’administration américaine.
C’est en juin 2002 que le traité ABM fut aboli et que l’« AEGIS Weapon System/Ballistic Missile Defense » (AWS/BMD) allait naître comme le demandait la Missile Defense Agency (créée en 2002) et par l’US Navy.
Le système AEGIS est utilisable dans des configurations qui dépassent les besoins de la Navy. Il est capable d’opérer en zone littorale pour protéger des forces projetées contre des tirs SRBM et MRBM qui les viseraient mais aussi d’assurer la défense d’infrastructures sensibles (ports, aéroports, agglomérations, installations militaires ou industrielles,…) localisés en zone côtière sur le territoire des États-Unis ou de leurs « friends and allies ».
Le Système AEGIS a été exporté dans d’autres pays :
- le Japon dispose de quatre destroyers AEGIS du type Kongo. Leur radar est le SPY-1 D, adapté à la Missile Defense. Cette flotte sera complétée d’ici deux ans de deux destroyers Atago dotés du même radar.
- l’Espagne met en œuvre quatre frégates F 100 AEGIS, en attend une quatrième pour la fin de la décennie et envisage d’en acquérir une sixième ; elle planifie en outre deux frégates F 105. Les navires en service sont équipés du SPY-1 E, version allégée aux capacités de détection inférieure et qui, sans doute, ne peut contribuer de façon satisfaisante à un BMC3 étendu.
- la Norvège alignera en 2009 cinq frégates « Fridtjof Nansen » dont deux sont déjà sur la liste navale. Comme les F 100 espagnoles, dont elles sont inspirées, ces frégates auront le SPY-1 E pour radar.
- l’Australie décidera à l’été 2007 du type de navire que sera son « AirWarfare destroyer » (AWD) en sélectionnant soit un navire américain équipé du SPY-1 D, soit une frégate dérivée des F 100 espagnoles équipée du SPY-1 E. Trois navires devraient être commandés
William Schneider National Security Institute 24 mai 2021
Le programme de modernisation russe développe six nouveaux vecteurs nucléaires qui ne sont pas pris en compte par le Nouveau START. Ces systèmes ont une caractéristique commune : leurs capacités leur permettent d’éviter d’être détectés par les systèmes d’alerte avancés des États-Unis, ce qui diminue la valeur des accords de maîtrise des armements en tant que vecteur diplomatique de la stabilité bilatérale. Ces systèmes ont une utilité militaire et diplomatique. Il est probable que la Russie utilisera l’existence de ces systèmes pour obtenir un avantage diplomatique dans les négociations sur le contrôle des armements, étant donné que les États-Unis ne disposent pas de systèmes comparables, et qu’elle cherchera à obtenir des concessions sur d’autres questions de sécurité bilatérale qui pourraient ne pas être « sur la table » dans le cadre du nouveau START (par exemple, la défense antimissile des États-Unis).
La Space Force américaine s’est dotée de la première unité vouée à détruire les satellites ennemis.
Chance Saltzman responsable de la Space Force
« L’espace est désormais, et de manière indéniable, un champ de bataille disputé. La Chine et la Russie le définissent en tout cas comme cela et investissent pour saper l’avantage américain. Les deux peuvent mettre en risque les actifs américains avec des cyberattaques ou des missiles ».
L’unité basée dans le Colorado, aura pour missions de localiser et d’analyser les capacités des cibles potentielles – satellite, station terrestre ainsi que les signaux échangés entre les deux. L’unité pourra aussi être amenée à effectuer de « l’engagement de cibles », est-il indiqué dans un communiqué.
En d’autres termes : les détruire.
Travis Anderson, premier commandant de l’unité.
« force de contre-espace, ainsi que de leurs architectures associées. Les forces spatiales sont des capacités spatiales utilisées par un pays pour mener leurs combats. Les forces de contre-espace, également appelées forces d’attaque spatiale, sont des capacités spatiales conçues pour annihiler la capacité des États-Unis à utiliser ses systèmes satellites pendant le conflit ».
Le théâtre de guerre israélo-palestinien et ukrainien est le résumé de la tactique P2OG nucléaire conçue par l’armée américaine. La Russie dispose des missiles Kh-47M2 Kinjal capables de détruire les navires américains, mais il n’est pas exclu que l’arme nucléaire tactique soit utilisée.
Du 11 septembre à Gaza et à Kiev, il n’y a qu’un pas que seul les fous peuvent franchir comme dans le film « Docteur Folamour ».
Geopolintel 30 octobre 2023