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Les néoconservateurs à la manoeuvre en Israël

jeudi 19 octobre 2023

Eliott Abrams

Un rapport de 1996 intitulé « A Clean Break : A New Strategy for Securing the Realm », était un court mémorandum préparé pour le premier ministre israélien entrant, Benjamin Netanyahu. Il présentait une stratégie israélienne envers le Moyen-Orient qui pouvait nettement modifier l’équilibre des forces régionales en faveur d’Israël, lui permettant de se « défaire » du processus de paix d’Oslo et d’imposer efficacement n’importe quelle condition qu’il souhaiterait en vue d’un règlement final avec les Palestiniens et ses autres voisins arabes. Tandis qu’une grande partie du document se concentrait sur la déstabilisation de la Syrie, la première étape dans la stratégie proposée visait l’éviction du Président irakien Saddam Hussein et son remplacement par un gouvernement pro-Occidental.

« Ce n’est pas par des accords de paix que les grandes questions du jour seront tranchées, mais par le fer et le sang »

Après plus de 25 ans de crise au Moyent Orient, l’objectif de Netanayhou est de déplacer la population palestinienne vers l’Egypte et le Sinaï.
Le colonel israélien Richard Hecht a exhorté les Palestiniens à fuir Gaza et à se rendre en Égypte. Les Forces de défense israéliennes ont publié un communiqué indiquant qu’il n’y avait « aucun appel officiel » de la part d’Israël pour que les habitants de Gaza se rendent en Égypte.
Le député égyptien Mustafa Bakri a déclaré samedi à la chaîne de télévision saoudienne Al Arabiya que l’Égypte « a averti Israël et d’autres nations qu’elle s’opposerait à toute tentative de réinstallation de Palestiniens dans le Sinaï ». Il a affirmé qu’il existe un plan vieux de plusieurs décennies visant à implanter des Palestiniens dans le Sinaï et à utiliser le territoire égyptien comme partie d’une patrie palestinienne.

Israël a un plan pour réinstaller les Palestiniens dans le Sinaï en échange de l’effacement d’une partie de la dette de l’Egypte, estimée aujourd’hui à environ 170 milliards de dollars.
Said Sadek, universitaire égyptien, a affirmé que l’Égypte « ne souhaite pas voir un grand nombre de Palestiniens dans le Sinaï, car cela pourrait causer de l’instabilité dans un haut lieu touristique, si les palestiniens ouvrait le feu sur Israël depuis le sol égyptien ».
Ayman Safadi, ministre jordanien des affaires étrangères, a averti que « la sécurité et la stabilité de toute la région sont menacées » par ce qui se passe à Gaza.

Le secrétaire des affaires étrangères américain Blinken estime que les efforts visant à déplacer les Palestiniens de Gaza vers le Sinaï sont voués à l’échec.
« J’ai entendu directement le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas et pratiquement tous les autres dirigeants avec lesquels je me suis entretenu dans la région, me dire que cette idée était vouée à l’échec et que nous ne la soutenions donc pas ».

Sauf que cette option est une réalité pour Netanayhou et les néoconservateurs américains.

« A Clean Break » veut imposer une nouvelle approche de la paix.
« Il est impératif que le nouveau premier ministre adopte rapidement une nouvelle perspective audacieuse en matière de paix et de sécurité. Alors que le gouvernement précédent, et beaucoup d’autres à l’étranger, ont mis l’accent sur »la terre contre la paix« - ce qui a placé Israël dans une position de recul culturel, économique, politique, diplomatique et militaire - le nouveau gouvernement peut promouvoir les valeurs et les traditions occidentales. Une telle approche, qui sera bien accueillie aux Etats-Unis, comprend »la paix pour la paix« , »la paix par la force« et l’autosuffisance : l’équilibre des pouvoirs ».

La guerre pour la paix, quoi de mieux que de procéder à une épuration ethnique en déplaçant le peuple palestinien dans le Sinaï pour provoquer une guerre au Moyen Orient sans avoir à la déclarer.

« La paix dépend du caractère et du comportement de nos ennemis. Nous vivons dans un voisinage dangereux, avec des États fragiles et des rivalités amères. Afficher une ambivalence morale entre l’effort de construction d’un État juif et le désir de l’anéantir en échangeant »la terre contre la paix« ne garantira pas »la paix maintenant« . Notre revendication de la terre, à laquelle nous nous accrochons depuis 2000 ans, est légitime et noble. Il n’est pas en notre pouvoir, quelle que soit l’étendue de nos concessions, de faire la paix unilatéralement. Seule l’acceptation inconditionnelle par les Arabes de nos droits, en particulier dans leur dimension territoriale, »la paix pour la paix« , constitue une base solide pour l’avenir ».

Maintenant nous comprenons pourquoi les accords de paix entre l’Arabie Saoudite et Israël sont sabotés par l’administration de Biden.

Le Qatar et de la Turquie veulent torpiller l’accord entre l’Arabie saoudite et Israël et sont peut être derrière l’attaque du Hamas, pensant que les accords Abraham de Trump sont liés à la politique des néoconservateurs.
L’administration Trump a compté dans ses rangs deux « faucons » néoconservateurs, John Bolton et Eliott Abrams, qui supervisaient la politique américaine au Moyen-Orient pour la Maison Blanche, et deux représentants spéciaux pour l’Iran et le Venezuela.

Eliott Abrams pense qu’Israël est victime d’une bureaucratie étouffante et que la réforme judiciaire de Netanyahou est une bonne décision.
« Netanyahou comme le montrent ses longs états de service, est le politicien le plus avisé qu’Israël ait jamais produit ».
« Un meilleur exemple est l’accusation selon laquelle le système juridique israélien sera détruit. Pour bien comprendre l’histoire, il faut lire l’excellent article publié la semaine dernière dans National Review par deux dirigeants du forum israélien Law & Liberty, Aylana Meisel-Diament et Yonatan Green, intitulé »La réforme judiciaire en Israël est urgente et nécessaire« . D’une manière générale, les réformes proposées par la droite feraient ressembler le système israélien au nôtre ». Source CFR

Georges Malbrunot dans le Figaro compare la situation à un parapluie de sécurité offert par Washington à Riadh, pour autant les Palestiniens seraient les grands laissés pour compte de ces pour-parlers, à l’instar, du reste, des Accords d’Abraham, qui instituaient somme toute une normalisation en 2020 entre Tel Aviv et les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc. Si les accords de Paix étaient signés, les pays arabes ne s’intéresseraient plus à la cause palestinienne.

Trump demanderait en coulisse la « destitution immédiate » de Netanyahou après les attaques du Hamas. La seule voie de la Paix réclamée par les israéliens et les palestiniens est bel et bien le départ de Netanyahou et de sa politique néoconservatrice.

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