Après avoir atterri à l’aéroport de Belfast, Joe Biden n’a pas reconnu le premier ministre anglais qui l’accueillait et l’a écarté de sa main pour saluer un militaire.
La décision insultante du président Biden de donner la priorité à l’Irlande plutôt qu’au Royaume-Uni lors de sa visite à l’occasion de l’anniversaire de l’accord du Vendredi saint n’aurait pas dû être une surprise. Elle est tout aussi peu surprenante que sa décision de ne pas assister au couronnement du roi Charles III. M. Biden, comme Barack Obama avant lui, n’a montré que du mépris pour la Grande-Bretagne et les relations privilégiées.
M. Biden a commencé sa présidence en 2021 en retirant du bureau ovale un buste de Winston Churchill. Sculpté par Jacob Epstein, ce buste avait été prêté au peuple américain par le Premier ministre de l’époque, Tony Blair, à la suite des attaques terroristes barbares du 11 septembre contre les États-Unis. Elle était à l’honneur à la Maison Blanche de George W. Bush, mais a été supprimée par Obama lorsqu’il a pris ses fonctions en 2009. Donald Trump l’a ramené au début de sa présidence en 2017, mais Joe Biden a jugé bon de l’enlever dès son entrée à la Maison Blanche.
L’insulte de Biden à l’égard de Churchill et de sa mémoire a donné le ton de sa présidence. Son approche de la Grande-Bretagne, traditionnellement ami et allié le plus proche de l’Amérique, a été narquoise, arrogante et irrespectueuse. Profondément enraciné en Irlande, M. Biden, en tant que sénateur américain et homme politique de Washington depuis un demi-siècle, a apporté un soutien sans faille à la cause des Républicains irlandais. Pas plus tard qu’en 2017, il a été photographié en compagnie de Gerry Adams et de Rita O’Hare, ancienne membre de l’IRA.
En tant que vice-président en 2015, M. Biden a plaisanté en disant que personne portant de l’orange (la couleur des unionistes britanniques en Irlande du Nord) ne serait le bienvenu à la Maison Blanche, alors qu’il rencontrait le Taoiseach irlandais de l’époque, Enda Kenny, ce qui a suscité l’indignation. Il n’est donc pas étonnant qu’il n’ait pas réussi à convaincre les unionistes de revenir dans le partage du pouvoir en Irlande du Nord.
Il n’est pas difficile de comprendre pourquoi un président américain avec un tel palmarès ferait un pied de nez au nouveau roi. Pour M. Biden, la monarchie britannique n’est pas quelque chose qu’il faut célébrer ou vénérer. À ses yeux, il s’agit d’un anachronisme, d’un vestige dépassé de l’Empire. Sa décision de ne pas assister au couronnement n’est pas une question d’âge avancé, de difficulté d’agenda ou de refus de consacrer du temps à des tâches familiales urgentes. Il s’agit d’une humiliation délibérée à l’égard de la famille royale.
Il est vrai qu’aucun président américain n’a jamais assisté au couronnement d’un monarque britannique. Mais le dernier couronnement, celui de la reine Élisabeth II en 1953, a eu lieu il y a 70 ans, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, à une époque totalement différente.
Le message que M. Biden envoie au partenaire le plus vital de l’Amérique sur la scène mondiale est consternant. Le gouvernement britannique a pris cette décision à la légère, afin d’éviter tout accrochage diplomatique avec Washington. M. Biden a, quant à lui, accepté l’invitation à une visite d’État. Pourtant, la dure réalité reste que l’Amérique d’aujourd’hui est dirigée par un président mesquin et parfois vindicatif, qui n’hésite pas à faire la leçon à la Grande-Bretagne sur sa politique concernant l’Irlande du Nord et à avertir Downing Street qu’un accord commercial entre les États-Unis et le Royaume-Uni ne sera pas à l’ordre du jour s’il ne joue pas le jeu sur les questions irlandaises et sur l’Union européenne.
Un facteur supplémentaire influençant le traitement de la Grande-Bretagne par Biden est son animosité intense envers le Brexit et son adoration de l’Union européenne. En 2010, lors d’un discours de soumission au Parlement européen, Biden a déclaré que Bruxelles avait « sa propre revendication légitime » d’être « la capitale du monde libre », une affirmation ridicule que personne, même au sein de la Commission européenne, ne croit vraiment. Plus de dix ans plus tard, en tant que président, Joe Biden a salué l’UE et ses puissances que sont Paris et Berlin, tout en traitant souvent Londres avec une menace et un dédain à peine déguisés.
Des deux côtés de l’Atlantique, Joe Biden est de plus en plus présenté comme un président maladroit, sujet aux gaffes, qui marmonne ses mots et peut se montrer étonnamment incohérent en public. Cette description est malheureusement exacte.
( Lors de son discours de clôture à Dublin, Joe Biden apparaît confus et lance un « Let’s go lick the world » qui peut être traduit par « Allons lécher le monde ».)
En même temps, il sait exactement ce qu’il fait en se comportant de la sorte avec le Royaume-Uni. Il fait un pied de nez à la monarchie, à la Grande-Bretagne et à son illustre histoire. Le président Biden n’est pas un ami du peuple britannique.