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Le Nouvel Ordre Mondial Nucléaire

jeudi 20 octobre 2022

Le nouvel ordre mondial de l’OTAN s’appuie sur le multilatéralisme pour renforcer son dispositif de défense nucléaire
Le message implicite du sommet de l’OTAN en juillet 2022 est que l’alliance doit faire davantage pour dissuader le risque d’utilisation du nucléaire que de recourir à la dissuasion en menaçant de sévères représailles.

  • « L’ordre nucléaire mondial est fondé sur le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). Ce régime a montré une grande solidité et faculté d’adaptation. Les facteurs actuels de désordre nucléaire (terrorisme nucléaire, Corée du Nord, Iran…) sont toutefois nombreux. » Benjamin Hautecouverture

Au vingtième siècle, les grandes puissances mondiales étaient : les États-Unis, l’Union soviétique, le Japon et l’Europe du Nord-Ouest. Le XXIe siècle sera différent. La Chine et l’Inde sont en train de devenir des poids lourds économiques et politiques : La Chine détient plus de mille milliards de dollars de réserves en devises fortes, le secteur indien de la haute technologie se développe à pas de géant et les deux pays, déjà reconnus comme des puissances nucléaires, développent des marines de guerre. Le National Intelligence Council, un groupe de réflexion du gouvernement américain, prévoit que d’ici 2025, la Chine et l’Inde auront respectivement la deuxième et la quatrième plus grande économie du monde.

LES CHALLENGERS DE L’ORDRE MONDIAL ACTUEL

Après une rencontre avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a déclaré : « Notre lutte pour la paix n’a pas de limites, notre maintien de la sécurité n’a pas de limites, notre opposition à l’hégémonie n’a pas de limites ».

L’ordre mondial de l’après-guerre froide dirigé par les États-Unis et l’Occident a été remis en question ces dernières années. Comme l’illustre la déclaration ci-dessus, il existe un mécontentement important de la Chine et de la Russie à l’égard de l’hégémonie de l’ordre mondial actuel et leur opposition à cet ordre n’a pas de limites. La Chine est en passe de devenir la première économie mondiale en quelques années et la Russie est la deuxième puissance militaire du monde avec le plus grand arsenal nucléaire. Les pays du BRICS (Inde, Brésil et Afrique du Sud) expriment également, dans une moindre mesure, leur mécontentement à l’égard de l’ordre mondial actuel et peuvent participer au démantèlement de certains de ses fondements.

LA DÉDOLLARISATION DU SYSTÈME FINANCIER INTERNATIONAL

Les BRICS sont une coalition montante de dédollarisation qui vise à réduire le risque de change et à contourner les sanctions américaines. Les initiatives de dédollarisation des coalitions des BRICS ont établi une infrastructure critique pour un futur système financier mondial alternatif sans dollar. Les États-Unis et l’Occident s’appuient fortement sur le statut de monnaie dominante du dollar pour exercer des sanctions économiques coercitives sur leurs adversaires, comme dans le cas de la Russie dans sa guerre en Ukraine et du programme nucléaire de l’Iran. Un monde de plus en plus dédollarisé affaiblirait la capacité des États-Unis à maintenir une position hégémonique dans l’ordre mondial. La Nouvelle Banque de Développement (NDB) fait partie de la stratégie de rupture en dédollarisant le financement du développement. La NDB aide les pays BRICS à améliorer leur autonomie financière en réduisant leur dépendance au financement en dollars. L’utilisation de devises autres que le dollar sur les marchés pétroliers mondiaux est « un défi sérieux au système des pétrodollars » qui a été initié par ce groupe. Dans un autre effort pour réduire leur dépendance à l’égard du dollar américain, les membres des BRICS ont mis en place leurs propres infrastructures mondiales de paiement pour les transactions internationales, qui sont indépendantes du dollar américain et peuvent servir d’alternatives à SWIFT. En plus de discuter de la perspective d’une crypto-monnaie commune aux BRICS, les membres des BRICS ont développé leur propre monnaie numérique de banque centrale (CBDC) qui pourrait potentiellement changer le système monétaire mondial.

Au-delà des BRICS, il existe un certain nombre de pays qui ont exprimé leurs inquiétudes quant au système financier mondial et qui rejoindraient tout système alternatif. L’ordre actuel n’a pas apporté la sécurité, la démocratie ou la prospérité à une grande partie de la population mondiale, et les pays qui ont bénéficié et prospéré de cet ordre mondial semblent être ceux qui mènent le mouvement pour le changer. La Chine, l’Inde et le Brésil ont prospéré de manière spectaculaire au cours de l’après-guerre froide, principalement grâce au commerce avec l’Occident. Il y a un nombre croissant de pays qui seraient des acteurs neutres dans le maintien de l’ordre mondial actuel. Par exemple, alors que la plupart des pays ont condamné la guerre russe en Ukraine, la majorité d’entre eux ne participerait pas aux régimes de sanctions imposés par l’Occident contre la Russie. Cela a mis la plupart des pays dans une position où ils ne feraient pas d’efforts pour maintenir l’ordre actuel.

LA PUISSANCE MILITAIRE DES ÉTATS-UNIS EST À BOUT DE SOUFFLE

Dans le domaine militaire, les États-Unis restent une superpuissance avec le budget militaire le plus élevé, et de loin ; cependant, l’alliance transatlantique est devenue un fardeau pour les États-Unis, car ses capacités semblent être trop sollicitées. Avec la montée de la Chine en tant que superpuissance économique et militaire, la politique américaine consiste à pivoter vers l’Asie. Les États-Unis se sont retirés d’Afghanistan et ont commencé à négocier avec l’Iran dans le but de mettre de l’ordre dans le chaos du Moyen-Orient. La récente guerre entre la Russie et l’Ukraine a montré que la confiance des États-Unis dans l’OTAN pour contenir la Russie aux frontières orientales de l’Europe était un vœu pieux, tout comme le projet d’autonomie stratégique de l’Europe.

L’Europe est également à la traîne dans le domaine des technologies numériques et semble avoir perdu son élan après la crise financière de 2008, le Brexit et la pandémie de Covid 19.

L’IMMINENCE D’UN NOUVEL ORDRE MONDIAL

Si la plus grande économie du monde et la plus grande puissance nucléaire remettent en cause l’ordre mondial, et que la plupart des pays du monde ne veulent pas faire d’effort pour le maintenir, il y aura soit un nouvel ordre mondial, soit il n’y aura pas d’ordre ou pas de monde.

Global Diplomatic Forum

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