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Rachat d’EDF par l’Etat pour masquer sa faillite avec l’ARENH

lundi 5 septembre 2022

Comment en est on arrivé là ?
EDF a été financé par l’argent du contribuable et tellement mal géré que nous pensons que c’est un sabotage du ministère de l’économie et de Bruxelles qui nous a imposé de casser nos monopoles d’Etat dans l’énergie.

En plus de la faillite d’EDF que nous avons financé intégralement, nous allons encore passer à la caisse en sortant de nos poches 9,7 milliards d’euros pour sa nationalisation.

On se fout complètement de notre gueule, et Macron rigole en prévoyant de nous couper l’électricité dès cet hiver au nom de la guerre en Ukraine.

Le pilotage d’EDf c’est McKinsey, qui sous le mandat de Bush, conseillait le groupe énergétique Enron qui a fait faillite en surfacturant et en organisant des coupures d’électricité.

L’État a mis l’EDF en faillite avec l’« ARENH » ?

L’« ARENH » signifie « Accès Régulé à l’Electricité Nucléaire Historique ».
Il permet à tous les fournisseurs alternatifs de s’approvisionner en électricité auprès d’EDF dans des conditions fixées par les pouvoirs publics. Le prix est actuellement de 42 €/MWh et le volume global maximal affecté au dispositif est égal à 100 TWh/an.
Pour que ses clients bénéficient de ce dispositif, EDF le réplique dans ses offres.
Ainsi, les évolutions réglementaires concernant le Dispositif ARENH (ex : évolution du prix de l’ARENH) seront répercutées par EDF, comme tous les autres fournisseurs, aux offres bénéficiant d’une part d’énergie liée à l’ARENH.

EDF, une faillite qui vient de loin

L’Etat vient de ponctionner EDF de quelque 8 milliards d’euros, accélérant sa descente aux enfers. Le groupe est étranglé par ses dettes, la conséquence de sa mauvaise gestion depuis plus de vingt ans.

Si l’année 2021 s’est terminée en fanfare pour EDF grâce à des prix de marché astronomiques lui permettant d’engranger de grosses marges sur ses ventes d’électricité, 2022 commence mal. Très mal. A cause de ces mêmes prix de marché qui font flamber la facture des professionnels et entreprises (qui ne sont plus protégés par des tarifs garantis) et celles des particuliers qui ont quitté l’ex-monopole public pour la concurrence, l’Etat a décidé de ponctionner l’électricien public pour sauver ses concurrents privés, contraints d’acheter sur les marchés le volume d’électricité consommé par leurs clients, en augmentant de 20 TWh le volume obligatoire d’électricité que doit vendre EDF à prix garanti à ses concurrents.

C’est ce qu’on appelle l’Arenh, l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique : 100 TWh par an, vendus au tarif de 42 euros par MWh. Seul petit geste fait par le gouvernement : le tarif sera porté à 46,2 euros par MWh pour les 20 TWh supplémentaires.
Un impact quasi-mortel

Conséquence, « dans l’état actuel des informations dont le Groupe dispose, l’impact de ces mesures sur l’EBITDA 2022 d’EDF est estimé à environ 8,4 Mds€ sur la base des prix de marché au 31 décembre 2021 et à environ 7,7 Mds€ sur la base des prix de marché au 12 janvier 2022 », a affirmé le groupe public le 13 janvier, entraînant immédiatement l’effondrement de son cours de bourse. Un communiqué de presse succinct qui se terminait sur une note inquiétante : « EDF va examiner les mesures appropriées pour renforcer sa structure bilancielle et toute mesure de nature à protéger ses intérêts. » Autrement dit, l’entreprise a besoin d’une injection urgente d’argent frais, une recapitalisation, qui se traduira obligatoirement par une augmentation de capital.

Pour le dire de façon plus directe, EDF est au bord du précipice. Pour comprendre l’impact quasi-mortel de la décision du gouvernement, il est nécessaire de décrypter le jargon financier utilisé par l’entreprise. L’EBITDA, notion comptable anglo-saxonne évoquée par le communiqué de presse, est plus ou moins l’équivalent de l’excédent brut d’exploitation (EBE), notion comptable bien franchouillarde : elle correspond à ce qui reste dans les caisses de l’entreprise après avoir payé ses charges annuelles (comme les salaires) et ce qui lui permet de financer les investissements, rembourser les dettes ou payer des dividendes à ses actionnaires.

En 2020 (les comptes 2021 d’EDF doivent être publiés en février prochain), l’EBE du groupe ressortait à 16,174 milliards d’euros. On comprend donc que si l’Etat lui pique 8 milliards pour sauver les électriciens privés, ça va mal finir pour EDF : ça représente la moitié de son EBE.
Des réacteurs à l’arrêt

Phénomène aggravant pour l’électricien, son parc nucléaire en exploitation est dans un piteux état. Depuis la fin de l’année dernière, ses quatre plus gros réacteurs de 1450 MW de puissance (ceux de Chooz et de Civaux) sont à l’arrêt en raison de la découverte d’une fissure sur une tuyauterie de sécurité (RIS, circuit d’injection de sécurité) qui permet de fournir le réacteur en eau en cas de rupture du circuit primaire. Et EDF a déjà annoncé que pour les deux de la centrale ardennaise, la mise à l’arrêt se prolongerait une bonne partie de l’année.

Conséquence directe de cet incident, EDF a été obligé de revoir à la baisse sa prévision de production d’électricité nucléaire pour l’année en cours. L’entreprise vise maintenant entre 300 et 330 TWh, bien loin de ses niveaux historiques : en 2011, l’électricien avait ainsi produit 421,1 TWh d’électricité nucléaire. Forcément, moins de production va signifier moins de ventes, donc moins d’excédent brut d’exploitation. Ce qui va rester dans les caisses après avoir payé ses charges annuelles va donc être inférieur au niveau de l’EBE 2020, hors effet de la mesure décidée par le gouvernement d’Emmanuel Macron.

Plus grave, le même problème technique (la fissure sur le RIS) a également été découvert sur un réacteur de 1300 MW à Penly. Cette fois, ce sont 20 réacteurs du même type qui ont été construits en France et qui sont donc potentiellement concernés par le sujet. Soit un gros tiers du parc en exploitation : 56 réacteurs, répartis dans 18 centrales nucléaires. L’impact pourrait donc être financièrement catastrophique pour EDF.

Si ces éléments conjoncturels pèsent fortement sur les performances de l’entreprise, ils n’expliquent pas complètement ses très grandes difficultés financières. En fait, c’est juste la goutte d’eau de trop.
Histoire de la dette

Les difficultés financières d’EDF remontent en effet à plusieurs années. Dès le milieu des années 2000, juste après son introduction en bourse, l’entreprise a été obligée d’emprunter tous les ans pour verser des dividendes à ses actionnaires (entre 1,5 et 3 milliards selon les années). Le plus gros : l’Etat qui détient 85 % du capital. Depuis 2016, l’Etat a d’ailleurs accepté de ne plus toucher ses dividendes en cash mais en actions pour soulager un peu la pression sur la trésorerie de l’entreprise.

Mais l’avidité des actionnaires n’est pas la seule cause des difficultés. Depuis la fin des années 1990, EDF n’a pas été correctement gérée : l’entreprise a perdu des dizaines de milliards d’euros dans des opérations d’acquisition à l’étranger, souvent inutiles et surpayées. C’est ce qui explique l’explosion de la dette financière de l’électricien. En 1998, au moment où la construction du parc nucléaire se termine, la dette financière d’EDF s’élevait à 22 milliards d’euros. En 2020, elle ressort à plus de 61 milliards d’euros (hors dette locative).

Dans le même temps, on ne peut pas dire que les performances des sociétés acquises aient beaucoup aidé l’entreprise. Toujours en 1998, le chiffre d’affaires du groupe s’élevait à 29,5 milliards d’euros. Il a atteint 69 milliards en 2020. Soit une augmentation de 134 %. Sur cette même période, l’EBE passait de 12 milliards à 16 milliards : +33 % seulement ! Evidemment un niveau insuffisant pour permettre un véritable désendettement.

De plus, depuis le milieu des années 2010, les performances opérationnelles des centrales nucléaires ne cessent de se dégrader. Alors qu’au début de cette décennie, la production nucléaire couvrait autour de 75 % de la consommation d’électricité du pays, ce taux est tombé à 69 % en 2020.

Entre la succession de problèmes génériques, obligeant EDF à mettre à l’arrêt une partie de ses réacteurs, les problèmes de maintenance qui obligent à rallonger les durées des arrêts de tranche durant lesquels elle profite du renouvellement du combustible pour faire des travaux plus ou moins importants, et les visites décennales qui lui permettent de prolonger de dix ans l’exploitation de ses réacteurs, la durée moyenne d’indisponibilité des réacteurs est maintenant supérieure à 90 jours par an selon le dernier rapport indépendant World Nuclear Report. Sans oublier l’impact des périodes de confinement provoquées par la Covid-19 qui ont bouleversé son planning de maintenance.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, EDF a aussi été obligé d’annoncer un nouveau report dans le calendrier de l’EPR de Flamanville, et une augmentation de 300 millions d’euros de sa facture finale à 12,7 milliards (hors frais financiers et coûts de démarrage). L’électricien prévoit maintenant le chargement du combustible au cours du deuxième trimestre 2023.

Exsangue, EDF est-il encore en capacité de construire de nouveaux réacteurs, alors qu’une grande partie de flotte actuelle va atteindre les 40 années d’exploitation d’ici la fin de la décennie ? Bercy évalue le programme de six EPR 2, le nouveau modèle de réacteur qu’EDF souhaite construire, entre 52 et 57 milliards d’euros, selon une note rendue publique par le site d’information Contexte.

Sauf subvention publique massive de la part de l’Etat, il parait impossible qu’EDF puisse financer un tel investissement compte tenu de l’état de ses comptes. Reste que ce projet n’est pas pour tout de suite : l’IRSN a demandé en mars dernier à Framatome, la filiale d’EDF en charge de la conception de l’EPR 2 de retourner à la planche à dessin pour trouver la source des vibrations trop importantes qui affecte le circuit primaire de l’EPR et qui équiper l’EPR2. Et pour le moment, selon nos informations, Framatome n’a toujours pas proposé de solution à l’IRSN.

Blast

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