Que Zemmour redevienne aujourd’hui la coqueluche d’une droite souverainiste et/ou patriotique orpheline, n’a rien de vraiment extraordinaire car « le chien revient à son vomi comme l’insensé à sa folie » [AT. Proverbes 26 :11] ! Déjà dans la perspective des élections de 2017, le magazine Valeurs actuelles [23spt15] titrait « Zemmour président : le Coluche réac de 2017 ? » juste avant la sortie d’un ouvrage hagiographique de politique fiction : « Une Élection ordinaire » narrant l’arrivée à l’Elysée dudit Zemmour. Certains ont voulu y voir un ballon d’essai lancé par le talentueux et tortueux Patrick Buisson posté en embuscade alors qu’il venait d’être, en 2012, remercié par son maître Sarkozy. À cette époque, celui-ci, très judicieusement, prêtait une oreille attentive à gynécée… Buisson avait accompagné le petit teigneux dès 2005 lorsque celui-ci faisait mine de manier le karcher place Beauvau, avant de le suivre (officieusement) deux ans plus tard à l’Élysée…
Commentaire trouvé sur Amazon du susdit bouquin promoteur de l’étoile montante Zemmour, (enfin c’est que nous disent les sondages) : « De la politicaillerie dans toute son horreur, la crapaudaille, le marigot, tout ce que l’on connait trop bien, et qu’on nous sert à longueur de journée dans la médiasphère. Mais c’est de la France dont il s’agit. Cela ne me fait pas rire du tout »… Et encore « Une boîte à fantasmes pour le réactionnaire d’extrême droite ». Pauvre extrême droite, comment en est-elle arrivée là ? Capituler, abjurer, abdiquer son reliquat d’âme, s’abandonner entre les bras d’un Zemmour, il serait difficile de faire pire. Qui ne s’en rend compte s’il est doté d’un minimum de bagage historique ? Certes un homme qui se noie est réputé capable de se raccrocher à n’importe quoi, fût-ce à un serpent nomade, mais n’existe-t-il pas d’autre choix ? Le rejet viscéral de Mme Le Pen impose-t-il nécessairement d’avoir à choisir entre la Peste et le Choléra ? In fine M. Zemmour n’existe que pour interdire l’accès aux médias à des hommes réellement et autrement représentatifs des aspirations légitimes des aborigènes catho-celto-romano-germaniques qui composent le terreau de la Nation.
L’actuelle déconfiture morale, intellectuelle et politique de la droite souchienne est certes dure à vivre, mais là – avec Zemmour ou sans lui dans la configuration actuelle - ce serait le bouquet, la mort du petit cheval et une descente sans remontée prévisible dans les catacombes de la vie publique dans une France résiduelle… Bref, au choix le Camp de Saints ou les derniers des Mohicans. Pauvre droite qui ne lit plus (assez) par elle-même, qui remâchouille son histoire relue, prédigérée par CNews et Stéphane Bern, des entités qui nous font régresser au stade spectaculaire de la transmission orale à la lumière vitreuse de l’œil de cyclope télévisuel ! Que cette malheureuse droite – un conseil gratuit - qui s’est perdue elle-même dans les méandres d’une modernité chaotique, se fasse moralement seppuku à l’instar de l’écrivain ultra nippon, Yukio Mishima qui lui se sacrifia symboliquement mais pour de bon. Au moins cela aura un peu de gueule et permettrait – peut-être – de reconstruire ce pays sur de nouvelles fondations.
Mishima 1925-1970
Cette France aimée à rebours
Parce qu’ainsi le rappelait le commentaire rapporté plus haut, « c’est bien de la France dont il s’agit » et non de nos humeurs, de nos tropismes ou de nos fascinations pour les beaux parleurs (un bonimenteur ça suffit comme ça… nous parlons du commercial élyséen), tout ce qui brille n’est pas or ni argent ! Mais le bon sens a-t-il encore sa place au cœur de cervelles hypnotisées par les feux de la rampe médiatique ? Au reste de quelle France parlons-nous ? Assurément, celle de M. Zemmour, sauf à avoir la berlue, n’est pas tout à fait la nôtre. Ce que détaille assez bien la « Lettre ouverte à Éric Zemmour » que Raphaëlle Auclert publiait le 21 mai 2018 à propos du « Suicide français », essai où se trouveraient exposées les supposées raisons de la décadence française… Or cet essai fut pour Zemmour de nous dire le fond de sa pensée, soit une belle occasion de dénigrer le Pays réel coupable selon lui de tous les maux que le bon peuple céfran n’en finit pas de déplorer… Déploration et frustration en vérité permanentes depuis (au moins 1968) date de l’amorce de la fin du plein emploi !
Non décidément la France de M. Zemmour – ici réside la majeure partie du quiproquo à l’origine de l’excessif engouement dont il semble être l’objet – nous est une terre étrangère… même s’il y est apparemment sincèrement tout à fait attaché. Est-il interdit au parasite de se rêver en commensal ? Ne disait-on pas naguère outre Rhin – ce qui n’est plus vraiment vrai à présent - « Heureux comme Dieu en France » ? M. Zemmour a au moins la reconnaissance du ventre pour celles et ceux qui lui ont permis une ascension sociale aussi vertigineuse.
La France terre d’élection où prospèrent les veilles communautés qui surent tôt y faire leur trou et se faire une place au soleil des loges… une terre rayonnante avant d’être défigurée par les excès du productivisme et gangrénée par des marées invasives charriant toute la misère du monde. En deux mots et afin de mettre les points sur les « i », aux yeux de ce personnage si bien en cour à droite, les Français seraient les premiers responsables de l’épaisse panade dans laquelle ils se trouvent désormais plongés jusqu’au cou… et certes les dieux se gaussent de ceux qui déplorent les effets dont ils ont chéri les causes ! Cela parce que, décennie après décennie, ils auraient propulsé aux affaires (par leurs votes récurrents, à très courte vue), ceux en qui ils avaient mal placés tous leurs espoirs… Gens de sac et de corde qui se sont empressés de les tromper (si ce n’est de les trahir) après les avoir abreuvés de vaines promesses et de démagogie… demain l’on rase gratis. Des personnages pour la plupart médiocres et corrompus (moralement et matériellement), et que ces mêmes Céfrans regrettent maintenant amèrement d’avoir hissé sur le pavois ! Mais, mais… ont-ils jamais eu vraiment le choix ?
Des choix impossibles et biaisés
Oui, les malheureux Céfrans – dont nous sommes - ont-ils toujours le choix ? Les a-t-on jamais a-t-on jamais consultés sur les grandes questions engageant leur destin ? L’immigration, le regroupement familial, la peine capitale pour ces victimes de la discrimination et de l’égoïsme bourgeois que sont les tueurs sanguinaires, l’avortement, maintenant porté jusqu’au neuvième mois c’est-à-dire la légalisation de l’infanticide in utero pour convenance personnelle, enfin la libéralisation des drogues dites douces comme étape vers l’obtention du droit absolu et sacré d’accès sans limites aux paradis artificiels.
Il n’y a pas une ligne à changer à ce qu’écrivais Raphaëlle Auclert [voir supra] si l’on veut comprendre précisément le Zemmour d’hier et d’aujourd’hui. Toujours à propos du « Suicide français », elle l’interpellait en ces termes : « Vous confondez à peu de frais le masochisme et la contrainte, le suicide et l’assassinat. Le Nous expiatoire que vous scandez d’un bout à l’autre du livre (Cet héritage millénaire que nous avons bazardé en quarante ans. Nous avons aboli les frontières… », p. 526) [est violemment] inapproprié car il associe les Français à une politique qu’on leur a dissimulée pour mieux leur imposer ». La critique perspicace de la méthode de falsification zemmourienne ajoutait : « non content de faire du peuple l’artisan de son propre malheur, vous suggérez que ce malheur est mérité ; à maintes reprises, au détour d’une phrase rappelant un fait historique, vous ajoutez des jugements de valeur qui ne sont fondés sur rien et tendent systématiquement à dénigrer les Français, et en particulier les hommes [qui firent son histoire]… [Ainsi] page 22 : De Gaulle « dirigea un peuple qui se voyait comme un ramassis de pleutres et de collabos »… Plus loin, page 32 : « l’avilissement des soldats dans la boucherie de la Première Guerre mondiale… encouragea les hommes à jeter aux orties le fardeau qu’ils avaient entre les jambes »… Puis page 133 : « cet élan vital qui n’existe plus chez [les] hommes en temps de paix »… Enfin page 71 « les vieux peuples fatigués d’Europe
». N’en jetez plus, la cour est pleine. Nous avons bien compris – à lire Zemmour dans le texte et sans fard - que les Français sont des castrats et l’on se demande bien ce que l’on pourrait encore en tirer ? Bref « cinq cents pages [peu amènes] de nécrologie » !
Hors exposition médiatique point de salut
Assurément les Céfrans, perpétuellement bernés et abusés, votent pour et élisent exclusivement ceux qui – comme M. Zemmour – ont déjà été choisis et cooptés par les Partis & Cie, et, partant, sont médiatiquement exposés… Qui, dit d’une autre façon, sont les candidats du Système et de ceux qui le commanditent. Les autres, les invisibles, les compétents, les intègres n’ont d’ailleurs cure de se ruer à la curée des postes, des fonctions et se retrouvent rapidement noyés dans l’anonymat de la masse laborieuse. Ce ne sont pas les meilleurs ouvriers qui font carrière dans le syndicalisme, ni la crème des cadres ou des enseignants, mais les médiocres, les opportunistes, les frustrés et les ratés… Qui ne sait le rôle surdéterminant des médias dans la désignation des futurs dirigeants ? Et de ceux qui cornaquent les rédactions, tirant par ce moyen les ficelles de la notoriété… désignant certains à la faveur de la foule ou condamnant les autres à l’oubli, à la mort sociale voire à l’opprobre. Les exemples ne manquent pas.
Quant au céfran de base – le petit peuple, le cochon de payant, le mouton à laine et à gigots - bien peu d’entre eux sont au parfum (expression argotique excellemment appropriée) des procédures de désignation de leur patrons politiques. Savaient-ils avant la sordide affaire Olivier Duhamel qui sont les mœurs (passablement répandues) de ceux qui les dirigent ? Et se répartissent butin et prébendes dans ces cavernes de brigands que sont les grands cénacles de décideurs, du Forum économique mondial (Davos) au Club du Siècle que le pédéraste Olivier Duhamel présidait encore à la veille de sa déchéance… et la révélation d’un secret de Polichinelle partagé par nombre de ces wonderful peoples ? Alors, ces politiciens (des deux sexes) n’auraient été promus – aux dires du sieur Zemmour - que par l’inconséquents des masses électrices et de leurs choix désastreux relatifs aux personnels politiques ? Des électeurs – au demeurant une critique à peine déguisée du suffrage populaire – seuls coupables de la chute verticale dans le chaos économique sociétal que nous connaissons de nos jours ?
S’ajoute néanmoins à cela – il serait bon de ne pas le perdre de vue - les mécanismes sur mesure destinés à favoriser outrancièrement les partis dominants en vue d’une confiscation en bonne et due forme de l’État par deux ou trois factions dominantes qui - au-delà de divergences sur la forme plus que sur le fond - se partagent en alternance le pouvoir. Certes le terme de partitocratie n’est pas politiquement correct, il fait tache et doit être refoulé dans les zones fangeuses de la droite infréquentable. C’est pourtant bien de cela dont il s’agit, aussi M. Zemmour est-il mal venu d’imputer la mauvaise gouvernance de leur Pays à des Français qui n’en peuvent mais car, comme les verrats de nos fermes d’antan, ils ne disposent pas de la faculté de choisir entre de l’eau claire (sinon pure) et de l’eau souillée et fangeuse.
À donc croire M. Zemmour – bis repetita - la France d’en-bas serait l’unique responsable de tous ses malheurs et de toute les catastrophes qui se sont abattues sur elle par le truchement des politiques déconstructives poursuivies depuis un demi-siècle ! Effectivement il est infiniment plus facile de stigmatiser le bétail électoral que d’aller chercher les promoteurs et les acteurs proactifs d’une décadence présentée comme la merveilleuse avancée du Progrès, la transition écologique, l’égalité pour tous et la mondialisation heureuse dans et par l’assomption de l’économie numérique au sein du Village planétaire.
Zemmour en pleins et en creux
En cela Zemmour est moins remarquable par ce qu’il dit que parce qu’il tait. Ce dont sciemment il omet de parler. Chez lui les stridules du criquet, la logorrhée crissante, couvre le chant de la mer. Zemmour doit finalement, essentiellement s’apprécier au regard de ses silences et de ses creux plutôt que par le miel de son verbe disert. Zemmour doit finalement, essentiellement s’apprécier (et se comprendre) au regard de ses silences et de ses creux plutôt que par le miel de son verbe disert. Il est fort approprié de vitupérer à longueur de temps quant à l’immigration mais, chut ! pas un mot en amont sur les promoteurs de l’invasion, sur les théoriciens de l’ouverture des frontières, du multiculturalisme, du brassage forcé des peuples et de la grande mixité. Aborder cet aspect des choses serait autrement salutaire, parce que pour curer le mal encore faut-il en connaître les causes et les origines. De cela M. Zemmour se garde bien. Il est des questions qui fâchent et qui pourraient contrarier certains de ses coreligionnaires. Nous attendons M. Zemmour impatiemment sur ce point. Il est cependant à parier, que, comme Godot, il n’y viendra jamais, ce serait se tirer une balle dans le genou et ça ne ressemble pas au personnage.
Or - à vue d’homme – souvenons-nous que la chute s’amorce avec l’homme des Rothschild, Pompidou. Celui-ci, avec son ministre Giscard d’Estaing, prit l’extraordinaire décision – là se situe l’authentique suicide programmé de la France - que la dette publique (alors dérisoire) devrait trouver à s’abonder exclusivement sur le Marché. En clair il s’agissait de barrer l’emprunt intérieur au contraire de ce que pratique le Japon surendetté certes, mais sur son marché domestique. Cela intervint avec la loi du 3 janvier 1973 qui deviendra pour l’Union européenne une règle inscrite dans le marbre des Traités… Dans l’article 104 du Traité fondateur de Maëstricht puis avec l’actuel article 123 du Traité de Lisbonne, tous deux transposés dans notre législation nationale, font interdiction à l’État de recourir à la Banque de France, se voyant obligé par voie de conséquence à emprunter sur les marchés étrangers avec toutes les dépendances et sujétions que cela implique.
Des réalités tangibles, avérées, objectives gravées dans nos lois elles-mêmes soumises aux conventions internationales, qu’il suffit d’évoquer (d’énoncer sans même les dénoncer) pour être derechef qualifié de complotiste (sous-entendu fascistoïde). Resterait à savoir si la simple mention d’un fait aussi public (mais pas auprès du grand public avec explication de texte à la clef) est prohibée, par qui (s’en quérir de la source première ou de l’éventuel chef d’orchestre, c’est en effet du complotisme) et pourquoi ? Y a-t-il des vérités qui ne sauraient être divulguées ? Des noms et des groupes d’influence (ceux par exemple qui s’efforcent de supprimer les frontières, et pas seulement pour fluidifier les échanges économiques) qu’il serait interdit de citer. Faut-il alors penser qu’il existerait des décideurs occultes (non présents sur le devant de la scène) pour lesquels le bien-être des peuples seraient les cadets de leurs soucis ? Dans ce cas, la machinerie gouvernementale ne serait en effet qu’un trompe l’œil, un décor de théâtre ! En dernier ressort, quelle abomination d’imaginer que nos classes dirigeantes ne sont pas nées ou apparues de génération spontanées, mais sont passées par les multiples tamis d’instances partisanes mettant en pratique de puissantes politiques d’entreprise… Assorties d’une encore plus forte empreinte idéologique ? Ce pas, nous l’avons franchi depuis longtemps, alors écoutons M. Zemmour dans son mépris (implicite) de la franchouillardise et gardons-nous de reconduire une fois encore des candidats, et surtout ces anti-candidats, que nous offrent si généreusement le Système. Bas les masques !
22 février 2021