Selon le rapport publié par le Département d’Etat de Floride :
Nos conclusions ont identifié des vulnérabilités qui, dans le pire des cas, pourraient entraîner
- 1 l’impossibilité pour les électeurs de voter
- 2 un résultat électoral qui ne reflète pas fidèlement la volonté des électeurs
- 3 la divulgation d’informations confidentielles, telles que les votes exprimés par un électeur.
En 2010, le système Scytl utilisé à Washington, D.C., a été piraté.
Dans le cadre d’un effort visant à déterminer la fiabilité des dispositifs, le D.C. Board of Elections & Ethics aurait « encouragé des volontaires pour pirater et trouver des failles dans son nouveau système de vote en ligne ». Des étudiants de l’Université du Michigan ont répondu au défi en réussissant à violer le site et l’ont programmé pour qu’il joue l’hymne de l’Université du Michigan à chaque fois qu’un vote était effectué.
L’Etat de Floride a utilisé le logiciel Scytl pour la tabulation des résultats des élections. Le contrat a été résilié après avoir découvert des failles dans les méthodes employées par l’entreprise de espagnole.
En quoi est ce inquiétant pour les électeurs des autres juridictions ?
Principalement parce que lors des élections de mi-mandat en novembre 2010, Scytl a été engagée par 14 Etats pour « moderniser » leurs appareils de vote.
Scytl est sur le point de déployer son logiciel dans 900 juridictions américaines. L’entreprise gère déjà le vote des membres de l’armée américaine et de leurs familles vivant à l’étranger.
Au cours du cycle électoral de mi-mandat 2010, les Etats suivants ont utilisé la technologie de Scytl pour la tabulation des votes : New York, Texas, Washington, Californie, Floride, Alabama, Missouri, Indiana, Kansas, Mississippi, Nouveau Mexique, Nebraska, Virginie Occidentale et Washington D.C.
De plus, Voter Action, un groupe de défense pour l’intégrité des élections, a déposé une plainte auprès de la Commission américaine d’assistance électorale en avril 2010, accusant l’utilisation des systèmes de Scytl dans le processus de vote de « poser des problèmes de sécurité nationale ».
« Les gouvernements étrangers peuvent également tenter de porter atteinte aux intérêts des États-Unis en matière de sécurité nationale, soit directement, soit par l’intermédiaire d’autres organisations ». La plainte révèle que Scytl a été créée en 2001 par un groupe de recherche de l’Université Autonome de Barcelone, et que les travaux ont été financés en grande partie par le Ministère de la Science et de la Technologie du gouvernement espagnol.
L’identification des propriétaires et des gestionnaires de Scytl est cruciale pour la protection du caractère sacré du processus électoral.
Sur son site Internet, Scytl désigne trois investisseurs : Nauta Capital, Balderton Capital et Spinnaker SCR. C’est par l’intermédiaire de Balderton Capital que Bain Capital (appartenant au candidat Romney) a des liens avec la société espagnole.
Rob Moffat dirigeant de Balderton Capital :
Avant de rejoindre Balderton Capital, Rob a travaillé pour Google Londres, en tant que responsable de l’équipe de stratégie commerciale mondiale. Il développait les stratégies de croissance des nouvelles entreprises de Google. Il a également travaillé sur l’intégration post-fusion de DoubleClick en Europe et sur la planification stratégique à long terme. Avant de rejoindre Google, Rob a passé cinq ans chez Bain & Company. Son travail consistait à effectuer des audits préalables pour des clients de fonds de placement privés, ainsi que des projets opérationnels et stratégiques dans divers secteurs en Europe et en Amérique du Nord.
Pourquoi une telle proximité fait réfléchir ?
Le journal Politico a enquêté sur les personnes qui financent la candidature de Mitt Romney à la Maison Blanche :
Un rapport de la Fondation Sunlight, (organisation qui œuvre à la transparence politique) affirme que les associés de Bain Capital, autrefois dirigée par Mitt Romney, ont financé sa carrière politique à hauteur de 2,7 millions de dollars.
Outre les dons substantiels faits par les personnes associées à Bain Capital (Bain, en tant qu’entité distincte, n’a donné qu’environ 156 500 dollars à Romney 2012), l’argent donné à la campagne de Romney par Goldman Sachs est tout aussi impressionnant. Selon OpenSecrets.org, « The Mega House of Monney » a déposé près de 600 000 dollars dans la caisse de la campagne de Romney. Il n’est pas surprenant que Goldman Sachs ait également des liens étroits avec Balderton l’investisseur de Scytl.
Deux des partenaires qui dirigent Balderton sont d’anciens cadres de Goldman Sachs.
Tim Bunting a travaillé pour Goldman Sachs pendant 18 ans, dont une période en tant que vice-président de Goldman Sachs International. Mark Evans a passé 15 ans chez Goldman Sachs en Europe, en Asie et aux États-Unis.
Alors que les employés de Goldman Sachs ont récemment réduit leur soutien financier à Barack Obama, en 2008, les employés et les dirigeants du mastodonte de Wall Street ont donné plus d’un million de dollars pour financer l’élection de l’ancien sénateur de l’Illinois.
En plus de partager la même source financière avec Mitt Romney, le président Obama aurait également des liens avec Scytl.
Des informations circulent sur Internet selon lesquelles le propriétaire de Scytl serait un donateur important de la campagne d’Obama. Il existe des preuves crédibles que Pere Valles, l’actuel PDG de Scytl, a fait le don légal maximum à la campagne présidentielle d’Obama en 2008. Cela n’est pas si surprenant étant donné que Pere Valles a des liens avec Chicago, ville natale d’Obama, comme le révèle son CV :
M. Valles a rejoint Scytl en mars 2004 après avoir passé la majeure partie de sa carrière professionnelle aux Etats-Unis. Avant de rejoindre Scytl, M. Valles était vice-président et directeur financier de GlobalNet, une société de télécommunications cotée au NASDAQ et dont le siège social est à Chicago.
De telles associations méritent certainement d’être examinées de très près avant que le contrôle de nos élections ne soit confié à Scytl. Scytl utilise une pratique qui consiste à télécharger les votes de chaque circonscription où ses appareils sont utilisés vers un serveur appartenant à l’entreprise où ils seront stockés. Une fois que les votes sont collectés, comptés et rassemblés ils sont enregistrés sur ses propres serveurs, il serait presque impossible de suivre les écarts entre les chiffres qu’elle communique et les résultats réels du vote dans les bureaux de vote locaux.
Bien que les liens qui unissent les candidats présidentiels des deux principaux partis politiques à la société Scytl soient quelque peu ténus, il y a certainement assez d’indices dans cette histoire pour valider une recherche d’enquête parmi les connexions et les contrats relatifs à Scytl qui pourrait potentiellement briser la confiance du peuple américain dans l’équité de nos élections nationales.
Toutefois, quelle que soit la force de ces liens, on a l’impression que de puissantes entreprises jouent un rôle plus important que ce que beaucoup comprennent, non seulement dans le choix des candidats, l’argent collecté par ces candidats pour mener leur campagne, mais aussi, en fin de compte, dans l’acte vital qui consiste à rendre compte du nombre de votes exprimés pour chacun d’entre eux.