Pensons que dame Lagarde, patronne de la Banque centrale européenne, n’a rien trouvé de mieux pour nous sortir de ce piège mortel que de nous « vendre » (au prix fort car il s’agit d’éponger les bas de laine de l’Europe du troisième et quatrième âge) la transition énergétique et par une politique délirante de création monétaire (quantitative easing) à hauteur de 20 milliards d’euros chaque mois ! Et puis partout les citoyens se lèvent et s’insurgent contre des classes dirigeantes compradores (Hong-Kong) ou incapables et corrompues comme à Bagdad, à Bassora, à Beyrouth, and so and ! Beaucoup du mal que nous supportons vient de là… Une grave insuffisance morale de la part de nos élites démocratiques, affectées qui plus est de graves déficits intellectuels inhérents au technocratisme, enfin, nombreux sont ceux qui confondent les beaux parleurs et les hâbleurs avec le brillant d’une intelligence profonde ! Par exemple croire que le beau merle Macron, bonimenteur émérite, pourrait ressembler de près ou de loin à un homme d’État ! Ainsi Jean-Bédel Bokassa (1921/1996) ne fut jamais qu’un capitaine monté en graine, peu ou prou cannibale, et hissé par la grâce de Giscard d’Estaing au statut d’empereur d’opéra bouffe !
Nakba pour tous
Nakba est à l’origine le mot utilisé pour désigner la “catastrophe” qui a frappé le peuple palestinien, arabes chrétiens et musulmans, en 1948 lorsque les Juifs, forts de l’opinion internationale tétanisée par la propagande de guerre des Alliés, ont créé le 14 mai 1948 Israël dans la foulée du retrait britannique, et procédé à l’annexion par la voie des armes de la Palestine mandataire. Or pour la troisième fois - la deuxième se situant en juin 1967 à l’issue de la Guerre des Six jours lorsque Moshe Dayan s’empare de Jérusalem - la Palestine vient d’être démembrée par un soi-disant « accord de paix » israélo-américain… lequel, en novlangue orwellienne, est en réalité un véritable accord de guerre, guerre déclarée au monde arabe en particulier et musulman par extension, qui vient d’intervenir dans l’indifférence générale - et dans l’effrayant silence des in pace médiatiques - avec l’annonce à la Maison-Blanche le 28 janvier de l’Accord du Siècle par le tandem Filochard-Trump et Riboudldingue-Netnayahou, ce dernier ci-devant Premier ministre d’un « État juif »… Cela depuis que la Knesset, le parlement israélien, a décidé le 19 juillet 2018, de proclamer Israël « État-nation du peuple juif » - une extraordinaire singularité politique - se revendiquant en tant qu’État ethnique avec Jérusalem réunifiée pour capitale… Ce qu’officialise précisément la parodie d’accord de la Maison-Blanche ! État ethnique sans doute unique dans l’histoire, exception faite peut-être des Inuits, communautés dispersées du Septentrion, se désignant elles-mêmes comme « Les Hommes », les autres bipèdes n’appartenant pas, par conséquent, au genre humain proprement dit. Au reste les Inuits (ou leurs homologues amazoniens, Jivaros réducteur de têtes et autres peuples premiers) n’ont jamais prétendu appartenir à un État-Nation, détenteur d’une centaine de vecteurs nucléaires, lequel ne se prive pas un seul jour de bombarder la Bande de Gaza… comme ce fut encore le cas ce samedi 1er février (après, il est vrai, le tir de huit roquettes sur des positions juives), certainement afin d’inaugurer le merveilleux « accord de paix et de prospérité »… Ou de bombarder la Syrie voisine : un millier de frappes aériennes depuis le début de la guerre civile-globale en 20113 !
Au final seront laissés (et charitablement concédés) aux Palestiniens quelques bantoustans soigneusement démilitarisés et sous étroite tutelle de l’autorité juive disposant, de ce qu’on appelle en termes pudiques (et par euphémisme) une souveraineté limitée. La rive droite du Jourdain – vallée fertile et riche territoire agricole - tombe dans l’escarcelle judéenne sous couvert de se donner une frontière sûre avec la Jordanie… Ce qui, in fine, ne changera pas grand-chose au statut de Jéricho déjà ville juive parce que ville casino, activité théologiquement proscrite en Eretz Israël… Ce qui n’est pas sans rappeler Las Vegas, cité du jeu au cœur d’un désert, fondée par des mormons puritains, vétérotestamentaires et polygames. Pour faire court, la Cisjordanie amputée de la vallée du Jourdain resterait à la Palestine, moins les colonies tumorales passant définitivement et regroupant de 400 à 600.000 juifs, les agglomérations de Jénine, Jéricho, Naplouse, Bethléem, Ramallah et Hébron restant en principe – mais cela reste à voir pour ce qui est d’Hébron et des tombeaux des Patriarches et le cénotaphe d’Abraham - sous obédience palestinienne [lefigaro.fr]. S’y ajouteraient deux “zones” dans le désert du Néguev, quant à la bande de Gaza, totalement démilitarisée elle serait reliée par un tunnel aux territoires palestiniens résiduels de Cisjordanie. En résumé les Palestiniens doivent, au terme du contrat léonin que constitue l’accord israélo-américain (avec tiers exclu !), perdre environ 70% des territoires occupés, ceux-ci ne représentant d’ailleurs que 22% de l’espace initial. À en un mot, les Palestiniens sont conviés à se contenter d’un État couvrant 15% de la Palestine historique… Après qu’Israël eut fait main basse sur toutes les meilleures terres agricoles et les sources d’eau : parce qu’à l’ère des missiles de croisière, la valeur stratégique des collines du Golan – sur lesquelles le président Trump a reconnu le 25 mars 2019 la souveraineté juive - n’est qu’une fable et un prétexte pour masquer sa valeur réelle en tant qu’inestimable château d’eau.
Trump signe le 25 mars 2019 le décret reconnaissant la souveraineté juive sur le Golan pris en 1967 et annexé en 1981
Trampoline électoral
Voici qui est bel et bon. Faut-il gloser à perpétuité sur ce non-événement qui fait exulter Bibi Netanyahou, parce qu’il fait reculer le spectre du procès pour concussion qui le menaçait et assure en principe sa réélection… Un optimisme qui fait spontanément renoncer le Premier ministre israélien par intérim, à invoquer l’immunité parlementaire pour tenter de se prémunir contre les conséquences de ses prévarications. Donc M. Netanyahou se voit gagnant aux élections du 2 mars général propulsé par le plan Trump, véritable tremplin électoral suivant le principe que l’on ne change pas de cheval au milieu du gué ni d’équipe lorsqu’elle est gagnante… en l’occurrence les likoudnicks incarnant la promesse d’un Grand Israël !
De son côté M. Trump voit augmenter ses chances de réélection le 3 novembre 2020 ( cinquante-neuvième élection présidentielle depuis la première de 1789), en s’assurant du soutien de l’influente communauté juive américaine de laquelle sont issus les plus radicaux et fanatiques des colons israéliens, mais aussi des chrétiens sionistes (essentiellement soixante millions d’Évangélistes en attente du retour du Messie). Les congratulations que s’échangèrent MM. Trump et Netanyahou furent éloquentes… Devant un parterre de kippas où surnageaient quelques têtes de représentants des pétromonarchies (les ambassadeurs du Bahreïn, des Émirats arabes unis et d’Oman), ainsi que l’habituelle claque fournie par les bons et habituels clients de Washington : Australie, Autriche, Égypte, France, Italie, Maroc, Pologne et Royaume-Uni. L’Arabie séoudite ayant tenue à se démarquer dès le lendemain par la bouche de son homme fort, Mohammed Ben Salmane, d’un plan qui a conduit l’infiniment modéré Mahmoud Abbas président de l’autorité palestinienne à rompre toutes relations diplomatiques avec les États-Unis…
La France, par ailleurs, ne trouvant rien de mieux que de renforcer son intervention au Sahel – au service de pays qui nous crachent abondamment dessus – en faisant passer son dispositif de 4700 à 5300 hommes. Une fortune dépensée quotidiennement alors que nos armées dépérissent, que le remplacement du porte-avions Charles De Gaulle – l’un de nos rares outils de projections de puissance, unique en Europe - a été repoussé aux calendes. Autre résultat coïncidant à mettre en regard de la mise en scène spectaculaire d’une fin supposée de la guerre israélo-arabe - transformée par la vertu d’un simple paraphe échangé entre deux maquignons de la politique en simple « contentieux » israélo palestinien (officiellement la guerre perdure depuis 1948 avec la République arabe syrienne) - le Maroc vient tout juste de recevoir trois drones de reconnaissance israéliens Heron dans le cadre d’un achat d’armes d’un montant de 48 millions de dollars [3]. La proximité de l’État hébreu et de l’empire chérifien n’est pas nouvelle, plus surprenant, en raison de la participation des Frères musulmans (ou assimilés) au pouvoir (sous couvert du PJD, le Parti de la Justice et du Développement associé au Mur, son aile religieuse, le MUR, le Mouvement Unicité et réforme), au premier rang de la scène politique du royaume depuis 2011 est sa cohabitation paradoxale avec un israélo-tropisme prononcé. Au reste, l’imprégnation wahhabite - sous-jacente ou inavouée - du gouvernement chérifien ne révèle-t-il une judaïsation rampante de l’Islam ?
Bonne question sachant que Primo Levi (1919/1967), Grand témoin devant l’Éternel, a su exprimer à la perfection dans son œuvre testamentaire « Lilith », la règle d’or - et la loi d’airain - de la conduite contemporaine des peuples, de M. Macron à MM. Netanyahou et consorts… « De tout ce que tu viens de lire tu pourras déduire que le mensonge est un péché pour les autres et pour nous une vertu… Avec le mensonge patiemment appris et pieusement exercé, si Dieu nous assiste, nous arriverons à dominer ce pays et peut-être le monde ; mais cela ne pourra se faire qu’à la condition d’avoir su mentir mieux et plus longtemps que nos adversaires. Je ne le verrai pas, mais toi tu le verras : ce sera un nouvel âge d’or… tandis qu’il nous suffira, pour gouverner l’État et administrer la chose publique, de prodiguer les pieux mensonges que nous aurons su, entre-temps, porter à leur perfection ».
3 février 2020