Le 27 janvier 1945, l’armée rouge entrait dans le camp d’Auschwitz Birkenau quelle venait de « découvrir par hasard » [1]… Ce 23 janvier 2020, quarante chefs d’État et de gouvernement - parmi lesquels Vladimir Poutine, le Prince Charles et le président Macron - commémoraient à Jérusalem, au mémorial de Yad Vashem, le 75e anniversaire de cet événement fondateur du monde actuel. L’événement n’aurait rien eu d’absolument remarquable si deux discours ne devaient retenir particulièrement l’attention… Celui du président Macron qui, intervenant après le vice-président américain Mike Pence et le Premier ministre israélien intérimaire Benjamin Netanyahu (le pays n’étant toujours pas sorti de la crise gouvernementale qui l’agite), apportant un bémol à son habituelle logorrhée néanmoins empreinte pour l’occasion d’un pathos de circonstance, a laissé échapper « Nul n’a le droit de convoquer ses morts pour justifier quelque division ou quelque haine contemporaine… Car tous ceux qui sont tombés nous obligent à la vérité, à la mémoire, au dialogue, à l’amitié… quel plus beau symbole que de nous voir ici tous rassemblés et unis, de faire œuvre utile pour lutter contre le déni comme [pour] le ressentiment ou les discours de vengeance » [2].
Un propos - bigrement ardu à retrouver sur la Toile - certes en marge d’un long lamento, mais qui venait en contrepoint comme une réponse (aussi explicite que discrète) au véritable appel au meurtre, à la mobilisation générale et à la guerre contre la République islamique d’Iran que venait de prononcer M. Netanyahou… L’intervention du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a été en effet remarquable par son contenu prospectif et programmatique consistant ni plus ni moins, sous couvert d’un exercice de mémoire avec figures imposées, en une mise en demeure à peine voilée invitant les représentants de la communauté internationale, à se ranger en ordre de bataille derrière l’État hébreu dans sa lutte à mort contre la République islamique d’Iran… Écoutons la voix de notre maître…
« La Shoah est derrière nous, mais la haine et l’intolérance qui lui avaient donné naissance existent toujours… La haine antisémite bouillonne lorsqu’elle sort de ses entrailles, et qu’elle se répand à nouveau dans l’histoire de nos jours. Pourtant, aussi troublant que cela soit, le plus grand danger auquel nous sommes confrontés, en plus de la haine [immémoriale] dirigée contre le peuple juif et l’État juif, vient de l’Est. Il vient d’Iran. Il provient du régime des Ayatollahs qui attisent ces flammes de haine et appellent à la destruction pure et simple de l’État juif, rien moins que cela.
J’aimerais que vous réfléchissiez à ce que vous répondriez à un régime qui déclarerait publiquement son intention d’éliminer toute personne noire, toute personne gay, ou toute personne européenne. Je pense que le monde entier en serait indigné, et à juste titre. Il est dès lors très étonnant que lorsqu’un régime appelle purement et simplement à éliminer tous les Israéliens, jour après jour, au nom de ses chefs les plus éminents, on n’observe en retour de la communauté internationale aucune réaction. Pas un mot, rien qu’un silence infini plus lourd que le plomb.
Cela peut changer, et j’espère que cela sera le cas… Je ne parle pas uniquement en termes politiques. Je parle également en termes de conscience. L’histoire montre qu’il a été possible il y a quelques décennies de prétendre et vouloir que le peuple juif soit voué à la destruction, et que peu de consciences avaient eu le courage de se lever et de s’y opposer. Aujourd’hui, la même attitude de vouloir détruire le peuple juif d’Israël est ouvertement affichée par d’autres états que celui qui avait créé la Shoah, et pour cette raison, nous devons nous y opposer avec force, puissance, résistance et cohérence, non seulement en paroles mais aussi en actes » [3].
Autrement dit, M. Netanyahou a convoqué les puissants de ce monde pour les tancer, leur faire la leçon sans que quiconque ne bronche, or le seul bémol à cette unanimité de l’acquiescement dans (et par) le silence, aura été le léger bémol discursif introduit par notre « Petit chose » élyséen [4]. Un micro pavé dans une mare d’épaisse complicité tacite avec de fieffés fauteurs de guerre et les spoliateurs récidivistes du peuple palestinien (pensons à l’extension permanente des colonies de peuplement). Et puis arrêtons du dire que c’est le chien qui remue sa queue – comprenez que Washington seul et nul autre dicterait sa conduite et sa géopolitique à Tel-Aviv/Jérusalem – mais bien le contraire, c’est la queue qui agite le canidé. Certes à l’encontre des lois les plus élémentaires de la physique et de la biologie… Wag the dog ! [5]
Le mardi 28 janvier 2020, le président Trump rencontre à Washington le patron du Likoud afin de lui présenter son plan de paix pour le Proche-Orient. Mais qui peut croire au miracle et au retour à la paix et à l’équilibre dans une région gangrénée par soixante-et-onze ans de tromperie, de déni de justice et de mépris de la légalité internationale ? Au moment où Israël rétablit des liaisons aériennes directes avec l’Arabie, nous comprenons mieux l’intérêt géopolitique de l’élimination du major général Kassem Soleimani… Ce dernier, Au moment de sa mort, avait en projet avancé d’œuvrer à renouer le dialogue entre Téhéran et Riyad… Ce n’est donc pas tant l’architecte de l’axe irano-libanais via Bagdad et Damas, que le très indésirable diplomate proactif commençant à interférer dans le rapprochement se développant depuis au moins une décennie, entre israéliens et séoudiens.
En 2020 il ne reste quasiment plus rien hormis le vaste camp de concentration gazaoui
C’est celui qui l’dit qui l’est !
Tel-Aviv voulait donc l’effacement de Soleimani pour de multiples raisons, certaines plus décisives que d’autres et aussi, moins évidentes. La CIA adossée au Pentagone s’est chargée de la sale besogne qui n’a été de ce point de vue ni une improvisation (Soleimani était ciblé et suivi depuis des mois si ce n’est des années et d’autres tentatives avaient échouées), prouvant si besoin était, le lien organique surdéterminant – géopolitique mais aussi eschatologique - liant les deux États dont les élites dirigeantes sont issues d’une seule et même matrice judéo-chrétienne. C’est à juste titre que Benyamin Netanyahou a pu naguère s’exclamer « nous avons l’Amérique ! ». La formule “wag the dog” censée tourner en dérision ceux qui surdimensionneraient le rôle de l’État hébreu dans la politique extérieure américaine, n’a jamais cependant été aussi pertinente qu’à ce jour… N’en déplaise aux brouilleurs de cartes qui prennent des airs consternés et apitoyés en faisant observer la colossale disproportion de taille et de puissance entre le Goliath nord-américain et le nain David. Au demeurant la taille ne fait rien à l’affaire car c’est bien l’hypothalamus, cette micro structure du système nerveux central, qui règle les fonctions endocriniennes éminemment vitales et non le cerveau lui-même. La comparaison s’impose !
À ce sujet, dans une déclaration vieille d’à peine un an, le Premier ministre israélien s’adressant au Secrétaire d’État américain Mike Pompeo, triomphait en déclarant : « Nous sommes à la veille de Pourim et nous avons un miracle pour Pourim, le président Trump vient de faire l’histoire, je l’ai appelé et remercié au nom du peuple israélien, il a d’abord reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël et y a transféré l’ambassade des États-Unis. Il s’est retiré du terrible accord avec l’Iran et a renforcé les sanctions. Il vient d’accompli quelque chose d’une importance non moins historique : il a reconnu la souveraineté d’Israël sur le plateau du Golan… Il a fait cela alors que l’Iran essayait d’utiliser la Syrie comme une plate-forme pour attaquer et détruire Israël … Le président Trump a transmis au monde le message que l’Amérique est aux côtés d’Israël » [6]. Qui peut croire que le président Trump ait pris de son propre chef l’initiative de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État hébreu et la souveraineté dudit État sur les collines éminemment stratégiques du Golan, véritable château d’eau dans une région semi-désertique ? Qui agite Trump au moment opportun et qui lui dicte ses décisions les moins appropriées ? Chut, la chose est indicible sous peine des plus terribles sanctions…
Dessin paru fin avril 2019 dans le New York Times et repris libéré de tous droits, par tous les médias à travers la planète. Il causa un tel scandale que son auteur fut illico banni du journal, lequel renonça définitivement à publier quelque caricature que ce soit !
Incidemment la mort du général Soleimani met en évidence un fait, en forme d’une sorte de syllogisme infernal qu’il importe de souligner, et plus, de surligner : Daech, l’État islamique wahhabite [7] (que la Russie combat aujourd’hui aux côtés du maréchal Haftar en Cyrénaïque tout en dispersant ses dernières forces concentrées dans la province d’Idlib en Syrie… au grand dam des humanistes qui n’aiment les bombes que lorsqu’elles sont américaines et écrasent des régimes tardant à se convertir aux beautés et aux charmes de la Démocratie de marché) n’avait pas pire que Kassem Soleimani ; en liquidant ce dernier, l’Administration américaine rend un signalé service aux factions djihadistes pour ne pas dire qu’elle leur sauve la mise , les laissant partir avec armes et bagages dans les soutes de avions cargos turcs vers les nouveaux champs de bataille de Libye et de la bande sahélienne ; l’Amérique apparaît ainsi telle qu’en elle-même, c’est-à-dire comme le sauveur et le vrai commanditaire, via Ryad, Doha et Ankara, des djihadistes qui avec ses surineurs du coin de rue font trembler la Vieille Europe.
Dans la matrice du Système nous baignons dans le liquide amniotique du mensonge
Le mensonge étant le grand maître de nos destinées et l’arme absolue des pouvoir démiurgiques qui prétendent diriger les Nations, il est fort à parier que l’on découvrira - au moins pour les initiés parce que pour le reste tout sera enseveli sous des montagnes de silence complice ou complaisant – que le vol civil ukrainien (et cent soixante-seize passagers) n’a pas été la malheureuse victime collatérale d’un accident de parcours dans l’actuel et très vif échange de gracieusetés entre Washington et Téhéran. Beaucoup pensent, et avec de bonnes raisons, que la destruction du vol 752 d’Ukraine International Airlines a pu être le résultat d’une cyberattaque lancée conjointement ou en partenariat par les Américains et les Israéliens… dont la coopération en la matière est ancienne et remonte plus ou moins officiellement à 2010 avec la création du ver informatique Stuxnet destiné à paralyser les centrifugeuses (d’enrichissement de l’uranium) du programme nucléaire iranien. La première centrale touchée fut celle de Natanz à partir de laquelle le virus se diffusa à travers le monde via la Toile, affectant de nombreux sites industriels évidemment concurrents innocents de l’économie d’Outre-Atlantique.
Selon Philip M. Giraldi, ancien expert de la lutte antiterroriste et officier du Renseignement militaire de la CIA - ayant servi dix-neuf ans à l’étranger, en Turquie, en Italie, en Allemagne et en Espagne, ce qui donne quelque autorité à son propos - émet dans un article publié dans l’American Herald Tribune [8], l’hypothèse particulièrement argumentée, que les États-Unis aient pu lancer plusieurs cyber-attaques contre l’Iran… l’une contre le système de défense antimissiles iranien, une autre sur le transpondeur (balise électronique) de l’avion ukrainien abattu en Iran le 8 janvier [9]. Le servant iranien du système antimissiles aurait de cette manière été “aveuglé” par un intense brouillage tandis que l’appareil ukrainien, ayant constaté l’extinction de son système d’identification, aurait amorcé un demi-tour afin de rejoindre sa piste d’envol, ceci quelques minutes avant le tir de deux missiles Tor de conception russe… « L’arrêt du transpondeur, qui aurait automatiquement signalé à l’opérateur et à l’électronique [autonome] de Tor que l’appareil était un vol commercial, l’a au contraire mécaniquement désigné comme hostile. L’opérateur, ayant été informé de la possibilité de frappes de missiles de croisière américains [en réplique au bombardement de la base d’Aïn el-Assad] a alors tiré ». Sachant que le délai de réaction qui lui allouée est de l’odre d’une dizaine de secondes.
Ce tragique “accident”, en réalité et de toute évidence préparé et conçu, en tant qu’opération sous faux drapeau, de longue date, visait à faire imputer la responsabilité de tous les dérapages ultérieurs qui auraient pu intervenir dans un tel contexte de tension et de guerre non déclarée mais se développant lentement mais sûrement à bas bruit. C’est ainsi que se concoctent de futurs « Nuremberg » et que peuvent ou pourraient commencer de nouveaux embrasements régionaux… et au-delà, la Troisième Guerre Universelle qui n’en doutons pas, serait - cette fois - la der des der ! Entre les virus des guerres furtives et (en principe) anonymes du cyberespace, devrons-nous bientôt ajouter avec le corona virus made in China, un autre fléau aboutissant ou pouvant contribuer à ramener l’humanité à plus de raison et à de plus justes proportions démographiques ? Le Ciel nous garde de la folie des hommes…
26 janvier 2020