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Olivier Delamarche : « Je suis viré de BFM Business »

lundi 15 mai 2017

Il fut un temps où BFM Business acceptait la contradiction et l’analyse divergente dès lors qu’elle était sourcée et à dose homéopathique.

Désormais elle fait « marche arrière », elle ne vendra que la lessive maison. Probablement l’air du temps !

Je remercie Cédric et Guillaume pour ces huit années, ainsi que tous ceux qui m’ont suivi et leur donne rendez-vous très bientôt sur d’autres supports.

En attendant vous pouvez me retrouver sur www.leseconoclastes.fr, sur YouTube 100 % Econoclastes, une lettre mensuelle « Le Delamarche » https://pro.vbn-edi.com/m/660511/

Olivier Delamarche, gérant de Platinum Gestion : « Nous n’avons qu’à nous mordre les doigts d’avoir mal géré et de nous être fichus du monde pendant des années ! »

L’économiste et gérant de Platinium Gestion analyse les raisons du Brexit

Les auditeurs de BFM et les téléspectateurs de BFM Business connaissent bien Olivier Delamarche, qui intervient régulièrement et sans langue de bois. Il est analyste financier et fondateur de la société Platinium Gestion. Cet économiste a toujours minimisé l’impact du Brexit sur le Royaume-Uni en soutenant la position de la majorité du peuple britannique.

Kernews : Vous n’avez jamais tenu un discours alarmiste sur les conséquences du Brexit. Pour quelles raisons ?

Olivier Delamarche : Pour moi, c’est une bonne nouvelle pour les Anglais, qui ont eu le courage de leurs opinions, et je pense que c’est bon pour eux. Alors, n’attendez pas une récession en Angleterre pour cette raison et que, demain, tous les nouveau-nés meurent, comme on a essayé de le faire croire ! On ne va pas non plus boucher le tunnel sous la Manche. Les choses vont bien se passer pour les Anglais : ils avaient un petit doigt de pied en Europe et ils retirent ce petit doigt de pied. En plus, ce sera un processus juridiquement long, donc il n’y a pas d’inquiétudes à avoir. En revanche, politiquement, pour l’Europe – et non pas pour les Anglais – c’est une grosse bombe qui vient d’éclater. Cela n’aura probablement pas d’effets tout de suite, puisque les banquiers centraux vont s’attacher à calmer les marchés et à faire en sorte que ce soit un non-événement au niveau des marchés. Mais, politiquement, c’est intéressant parce que cela va donner des idées aux autres qui n’en avaient pas besoin : regardez ce qui s’est passé en Italie, par exemple. Vous allez avoir très probablement des pays du nord de l’Europe qui vont demander à leur tour des référendums, parce que cela fait déjà un moment qu’ils disent qu’ils en ont assez de l’Europe et de l’euro aussi. La situation est beaucoup plus grave pour nous, Européens, que pour les Anglais. La dislocation européenne est en marche. Comptez bien sur Jean-Claude Juncker et ses sbires pour essayer de garder leur travail, mais je pense que l’heure a quand même sonné. On voit bien que tout ce que l’on nous avait promis au moment de Maastricht, comme la baisse du chômage et la croissance, est quand même assez mal engagé.

On n’arrête pas de critiquer les Anglais dans cette affaire, mais ne faudrait-il pas faire notre propre autocritique puisque nous n’avons tenu aucune promesse en termes d’emploi et de prospérité. Qu’en pensez-vous ?

Justement, lorsque nous aurons des pays qui sont dans l’euro et qui vont demander leur sortie, cela risque d’être beaucoup plus rigolo. Évidemment qu’il faut faire son autocritique ! Mais on a pu constater depuis les années de crise que l’Europe était loin d’être démocratique. On a marché sur la tête des gens depuis un bon bout de temps, on est passé en force sur des traités… C’est du grand n’importe quoi depuis déjà un bon moment ! Les gens se sont révélés quelques jours avant le vote, puisque l’on a entendu Monsieur Hollande, Monsieur Macron, des Allemands, et même des Américains, menacer les Anglais en leur disant que ce serait la fin du monde s’ils votaient le Brexit. Monsieur Macron a même laissé entendre qu’il allait laisser tous les migrants de Calais envahir l’Angleterre… On est tombé très bas. Je comprends les Anglais qui refusent cette Europe et je comprends qu’ils n’aient pas envie de dire oui à Madame Merkel qui, par ses bêtises, nous a envoyé je ne sais combien de millions de migrants avec dedans, en plus, un certain nombre de terroristes… Ne croyez pas que ce sera la fin du monde en Angleterre, mais ne croyez pas que les instances européennes vont se laisser faire : elles vont tout faire pour retarder les choses et prendre un peu d’argent au passage…

Le rêve de Boris Johnson, faire de la Grande-Bretagne une grande puissance et un paradis fiscal face à l’Europe, peut-il se réaliser ?

Il y a de nombreux pays qui sont en dehors de l’Europe et de l’euro, et qui se portent très bien. En revanche, que ce soit l’occasion pour faire une Grande-Bretagne maître du monde, j’ai aussi des doutes parce qu’il y a d’autres problématiques. Tout ce que l’on peut dire, c’est que cela va probablement donner des idées à des pays du Nord, parce qu’ils ont bien compris que ce n’était pas avec l’Europe qu’ils allaient trouver la croissance et un nouvel eldorado. Nous n’avons qu’à nous mordre les doigts d’avoir mal géré et de nous être fichus du monde pendant des années ! Il y a eu vraiment eu une fuite en avant de la part des politiques et des gouvernements européens. Que le boomerang leur revienne dans la figure me paraît être une bonne chose.

Les Anglais quittent l’Europe parce qu’ils l’estiment beaucoup trop socialiste, tandis qu’en France certains veulent partir parce qu’ils ne la trouvent pas assez socialiste !

Il faut dépasser ces notions. Tous les pays du monde ont à peu près la même politique économique consistant à faire tourner la planche à billets. Qu’ils soient socialistes ou non, on retrouve la même façon de gérer les choses. On fait tout pour que les banques gagnent le plus possible et on fait tout pour détruire la classe moyenne. Je ne sais pas si c’est une politique libérale, de droite, ou socialiste, j’observe les conséquences de ces politiques qui sont les mêmes partout ! J’observe aussi que les gens qui aspirent à prendre des postes, quand ils ne les ont pas déjà, disent tous la même chose. Pour moi, la plupart sont des crétins et des crétins dangereux. Après, que l’étiquette soit capitaliste, socialiste, ou non, ils ont tous les mêmes recettes. Pour s’en sortir, il faudrait changer toute la classe politique actuelle, et ceci dans tous les pays, parce que ce sont des gens qui pensent mal, qui n’anticipent rien et qui sont des minables pour la plupart.

Sur le plan psychologique, il va y avoir une évolution importante. Depuis des années, des retraités hésitaient à aller s’installer dans tel ou tel pays, puis décidaient d’acheter une maison en Espagne, par exemple, parce que c’était en Europe. Aujourd’hui, tout cela ne veut plus rien dire, cela peut s’arrêter et il vaut mieux opter pour un pays fiable qui a toujours respecté sa parole et ses traités…

Totalement ! On arrive à tout lier. Je n’ai aucun souci avec l’Europe, il faut essayer de favoriser les échanges commerciaux entre les pays voisins, c’est très bien. Mais le drame, c’est d’avoir essayé de faire les États-Unis avec des pays qui ne se ressemblent pas et qui n’ont pas la même langue. Aux États-Unis, quand vous n’avez pas de travail dans le Missouri, vous pouvez aller en Californie et cela ne pose aucun problème car la langue est la même. Là, vous avez des pays qui ont lutté les uns contre les autres pendant des siècles, qui ne parlent pas la même langue, qui n’ont pas la même organisation… Et on leur colle la même monnaie en pensant que tout cela fonctionnera de la même façon !

Pour être convaincu de cela, il fallait déjà appartenir à ces élites apatrides…

Oui, mais cela ne fonctionne pas. Vous ne pourrez jamais faire marcher un Grec à la même vitesse qu’un Allemand ! Que ces gens travaillent ensemble, pourquoi pas… Mais penser qu’on leur imposera un rythme par la monnaie, c’est un mythe ! Jusqu’à présent, la plupart des gens étaient dans le déni, parce que c’est plus confortable psychologiquement. On entend toujours : « Cela ne peut pas nous arriver, car nous sommes les plus intelligents et les plus forts en France… » Et pourtant, il y a des peuples qui commencent à réfléchir !

En mai 2017, il y aura l’élection présidentielle en France : imaginez un monde où dans les trois grandes puissances vous avez Donald Trump, président des États-Unis, Vladimir Poutine, président de la Russie et Boris Johnson, premier ministre britannique… Comment trouver un président français qui soit la hauteur, en termes de charisme, face à ces trois fortes têtes ?

J’ai beau réfléchir à la question et je ne vois pas !

Donc, face à un tel casting, imaginez-vous un François Hollande, Alain Juppé, Bruno Le Maire ou n’importe qui d’autre ?

Pardonnez-moi ce terme, mais ce sont des guignols ! Ce n’est pas sérieux. Aucun n’a le début du charisme ou du cerveau. On est au ras des pâquerettes en France à l’heure actuelle, car il n’y en a pas un pour rattraper l’autre. Espérons que les difficultés à venir feront émerger quelqu’un. Mais, pour l’instant, c’est le désert au niveau français. Le système est fait de telle façon que vous avez beaucoup de difficultés à voir émerger quelqu’un du néant. Aux États-Unis, vous pouvez très bien avoir quelqu’un que personne ne connaissait et qui arrive en bonne place en quelques mois. En France, il y a une espèce de voie quasi obligatoire, il faut passer par les instances des partis, sinon ce n’est pas possible. Les politiques en place ont réussi à faire en sorte que les gens votent soit pour des extrêmes, soit pour des gens hors système, on le voit aux États-Unis ou en Italie. Regardez notre situation actuelle en Europe : nous n’avons plus de croissance, le taux de chômage est hallucinant et on a des politiques incapables, qui ne pensent qu’à une seule chose : augmenter les impôts ! On est allé déloger des présidents non islamistes au Moyen-Orient et, après, on s’étonne que l’on vienne mitrailler des innocents en France !

Pendant ce temps, la priorité nationale est d’installer des radars sur le bord des routes…

Parce que c’est plus facile, cela rapporte plus d’argent… Mais on ne veut jamais voir les conséquences de ce que l’on fait. Quand on fait tourner la planche à billets, il y a des conséquences. Cela donne un peu de temps mais, derrière, les monnaies s’écroulent. Ensuite, on vient vous expliquer que ce n’était pas prévu ! Le général de Gaulle avait une vision à long terme sur l’indépendance énergétique de la France et, aujourd’hui, nous avons Monsieur Macron qui crée des lignes d’autocars… C’est pathétique ! Il faut savoir que nous sommes dirigés par des gens qui n’ont pas le niveau et on les appelle des élites.

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