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Gilets Jaunes Acte XXVII, de l’attentat accidentel contre Notre-Dame à une guerre inattendue contre l’Iran

lundi 27 mai 2019

Hormis l’adoption en première lecture par l’Assemblée d’un “projet de loi pour la restauration et la conservation de la cathédrale Notre-Dame”, lequel sera soumis au Sénat le 27 mai prochain, on ne parle plus guère de l’incendie qui en a ravagé la toiture et moins encore de l’enquête supposée conduite afin de déterminer les causes réelles du sinistre. L’attention se focalise désormais sur l’article 9 du dit projet de loi qui autoriserait les autorités publiques à “prendre par ordonnances toutes dispositions utiles à faciliter la réalisation des travaux de restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris”. Qu’en termes galants ces choses là sont dites. Comprenons que le gouvernement entend se faire délivrer un blanc-seing pour adapter la “reconstruction” – car c’est bien de cela dont il s’agit suivant le terme employé par M. Macron lui-même – selon les normes, les fantasmes et les modes du XXIe siècle assortis aux exigences de rentabilité touristique et de juteux retours sur investissement.

De ce point de vue l’on peut s’attendre à tout, et même, en guise de flèche au goût du jour, à voir un “plug” géant érigé fièrement au centre d’une nouvelle toiture de verre et d’acier… ce dernier matériau étant, contrairement aux idées reçues, infiniment moins durable que le bois de chênes millénaires  ! Et, quoique Mme Racon-Bouzon, députée macroniste, nous promette un «  chantier exemplaire d’un très haut degré d’exigence », nous ne pouvons plus ignorer aujourd’hui quelle est la valeur exacte accordée aux mots dans notre immaculée démocratie, qu’elle soit en Marche, post ou néogaulliste… Vous m’aurez compris  ! Or, à moins d’être singulièrement jobard – mais les jocrisses et les jobelins abondent de nos jours – nul n’ignore que nos politiques sont gens de sincérités aussi successives que fugaces, les mots dits ou écrits étant irrévocablement prédestinés à s’envoler en fumées multicolores à l’instar de la charpente multiséculaire de Notre-Dame…

Une série de miraculeuses coïncidences

Outre les enjeux financiers et économiques qui à eux seuls seraient suffisants pour expliquer l’embrasement spontané (et à répétition) de nos églises et cathédrales – pensons dans le midi aux miraculeux incendies de pinèdes ou de maquis faisant place nette pour que s’exerce librement la voracité de promoteurs immobiliers – il ne faut pas oublier non plus l’anniversaire de l’autodafé de 1200 exemplaires du Talmud voici “777” ans en place de grève. La «  vengeance divine  », dûment relayée par des bras de chair et d’os, n’est pas l’hypothèse la plus absurde surtout quand on connaît la politique de certains zélotes en Eretz Israël où l’incendie des édifices chrétiens est considéré comme une obligation religieuse. Une Mitsva que le Rav Ilaï, directeur du collège religieux Rach Hasadeh, enseignant au cours préparatoire Tzahali et au Matan, commentait, les cendres de la cathédrale étant encore chaudes : « L’incendie d’aujourd’hui est un événement bouleversant, les images sont regrettables et l’incendie criminel est une véritable horreur. Et en plus de tout cela, cela me fait peur d’entendre les Juifs se plaindre de la perte d’un lieu qui était un repère de l’antisémitisme, pour la haine des Juifs et pour les blesser »2. Ne s’embarrassant pas de précautions oratoires cet éminent personnage parle crûment d’incendie criminel, n’est-ce pas  ?

Il n’est pas non plus tout à fait inutile de rappeler dans leur empilement les circonstances ayant entouré un brasier inespérément providentiel à bien des égards. Pour le gouvernement, ce fut en effet du pain béni  : annulation et report du bilan conclusif des cinq mois de Grand débat au cours duquel le président fit preuve d’un talent de bonimenteur hors du commun. Plus grave, mais passé presque inaperçu  : la presse aurait dû ce jour-là faire la part belle aux armes françaises – notamment les canons à longue portée Cæsar - utilisées dans la sale guerre du Yémen et à leur incidence sur les pertes civiles. Une information qui s’appuyait sur une note de la Direction du renseignement militaire (DRM), présentée le 3 octobre 2018 à un Conseil de défense présidé par M. Macron en personne, elle est – gros pavé dans la mare - divulguée précisément ce 15 avril 2019 par le site Disclose3 en partenariat avec la cellule investigation de Radio France. Les coïncidences faisant bien les choses ces révélations gênantes passèrent illico à la trappe.

Dans le même ordre d’idée, rappelons que la crise sociétale suraiguë que traverse le pouvoir depuis la mi-novembre, s’est trouvée jalonnée par une impressionnante série de méchant hasards où d’aucuns – des gens à l’esprit tordu - ont cru déceler d’opportunes diversions… le 11 décembre 2018, un fou d’Allah de vingt-neuf ans, Cherif Chekatt, tirait à Strasbourg sur les chalands d’un Marché de Noël faisant cinq victimes. La veille, le 10 décembre 2018, le jour où le gouvernement co-signait le Pacte de Marrakech relatif aux migrations sans frontières, M. Macron faisait de son côté, un bide magistral avec un discours titré «  Faire de cette colère une chance  ». Une intervention poudre aux yeux dans laquelle il annonçait pour les retraités et les smicards un prétendu bonus de douze milliards d’euros (en fait un jeu de bonneteau fiscal), sans oublier cependant de stigmatiser au passage «  le désordre et l’anarchie  ». Cette fois les Gilets Jaunes ne furent pas ouvertement désignés comme la lie de la population ainsi qu’il le fera dans son adresse à la nation le 31 décembre 2018  : « une foule haineuse, raciste, sexiste, homophobe »… Reste que se voulant globalement apaisant, Macron se défaussait sans vergogne sur ses prédécesseurs  de sa part de responsabilité dans le profond mal-être des Français en déclarant que la fronde populaire n’était que la conséquence de «  quarante années de malaise »  !

L’Hôpital se gaussant de la Charité.

Ce piteux laïus suivait la quatrième journée de mobilisation des Gilets Jaunes à Paris, le samedi 8 décembre, au soir de laquelle, selon le ministère de l’Intérieur, 125 000 manifestants avaient défilé sur l’ensemble du territoire national (aurait-il fallu doubler les chiffes officiels pour approcher de la vérité  ?), les forces police avaient procédé à 1 385 interpellations suivies de 975 gardes à vue. L’ordre républicain règne manu militari  ! En tout cas, l’épisode terroriste de Strasbourg aura eu un instant l’avantage de détourner l’attention du public de l’impuissance de l’exécutif à trouver une issue à la crise sociétale en cours de développement et permit de couper court à tout commentaire relatif à la signature d’un Pacte soi-disant non contraignant… Mais alors pourquoi parapher un accord s’il n’y a pas d’obligation sous-jacente  ? De qui se moque-t-on  ? De la même façon, le samedi du 12 janvier 2019, quelques heures avant l’Acte neuf des Gilets Jaunes, alors que 5000 personnels des forces de l’ordre sont mobilisés dans la capitale (92 000 manifestants en France métropolitaine pour 80 000 policiers et gendarmes), trois jours avant l’ouverture du Grand débat National, une forte explosion se produit dans une boulangerie faisant trois morts (dont deux pompiers et une cinquantaine de blessés) due, selon M. Castaner, ministre de l’Intérieur, «  à une fuite de gaz  ».

Un fait divers qui ne pouvait mieux tomber  ! Quant à la “grève générale” du mardi 5 février 2019 à l’appel des syndicats, se déclare peu après minuit dans le XVIe arrondissement de Paris, un incendie criminel peu banal (allumée par une déséquilibrée soucieuse de se venger  !) qui cause la mort de dix personnes faisant une trentaine de blessés...

Au total, nous avons un impressionnant chapelet de “coïncidences” (la loi des séries  ?), mais avec partout des effets identiques, à savoir gommer, l’actualité nationale immédiate, politique et sociétale, au profit d’un fait divers électrochoc. On comprend mieux dès lors que, face à la gestion catastrophique des Affaires de l’État par M. Macron, son mentor illuministe et parrain, Jacques Attali ne mâche plus ses mots pour dire tout le mal qu’il pense de sa créature4  : «  Tous les pays d’Occident, la France en particulier, et bien d’autres pays du monde, sont au bord de révolutions brutales… [Lesquelles] se déclenchent toujours quand un régime ne sait plus assurer à ceux qu’il prétend servir le bien-être auxquels ils estiment avoir droit, et quand il ne fait plus assez peur pour se maintenir par la force. Alors, les révoltes deviennent des révolutions… Aujourd’hui, toutes les conditions sont réunies pour qu’interviennent un jour prochain des révolutions d’une extrême violence… Les régimes en place [entendez la France en Marche & consorts] semblent en effet incapables de résoudre les difficultés et les frustrations, réelles ou ressenties, d’un grand nombre de citoyens : un travail absent, non rémunérateur, ou aliénant ; des services publics délabrés ; des territoires ruraux oubliés ; une agriculture en plein désarroi ; un environnement dégradé ; une précarité croissante ; des vies personnelles en miettes  ». Dont acte, à bon entendeur salut  ! Et si l’issue, la seule issue pour échapper à la colère montante des peuples était la guerre  ? Dans ces conditions un conflit avec l’Iran prendrait tout son sens, non ?

Amérique/Israël/Otan versus Iran

La nuée d’orage monte sur l’horizon

Bref une conjoncture dramatique sur la durée et qui semble actuellement devoir se prolonger par un très possible conflit – régional ou plus large – au Proche-Orient… Mais quel rapport avec l’éventuel attentat accidentel de Notre-Dame  ? Adepte de la théorie de la conspiration de tous pays unissez-vous en partant du principe irréfragable qu’il existe peu d’effets sans causes. Il n’y a généralement pas d’explosion sans détonateur. Notre-Dame en flamme pourrait alors, pourquoi pas, être placée au rang des événements déclencheurs de conflits armés  ? Après tout le 11 Septembre 2001 n’a-t-il pas été le coup d’envoi d’un consternant chapelet de guerres avec leurs horrifiques cortèges de cadavres, avec leurs fleuves de misère et de sang  ? Afghanistan, Irak, Somalie, Libye, Syrie, Yémen… Or, il semble bien que le temps soit arrivé de vider une fois pour toutes le contentieux unilatéral qui oppose l’Amérique et Israël au pays des mollahs au prétexte d’assurer à la fois la sécurité de l’État hébreu et la maîtrise des sources d’énergies fossiles, depuis le bassin de la Caspienne et l’Asie centrale via le Kurdistan et le Golfe persique, ainsi que leur voies d’acheminement terrestre et maritimes, cela enfin contenir ou faire barrage sur le Rimland5 aux puissances résurgentes que sont la Fédération de Russie et la Chine. Des supputations qui peuvent apparaître comme farfelue au premier abord, le sont beaucoup moins si l’on donne aux raisonnements qui les sous-tendent un minimum de profondeur historique et d’extension géographique dans une conjoncture donnée.

La destruction de l’Iran passe-t-elle par celle de Notre-Dame  ?

Que vient donc faire Notre-Dame dans un tel schéma  ? Nous allons l’examiner mais au préalable, sachons de prime abord que Washington veut faire la guerre à l’Iran depuis longtemps et pour de multiples raisons plus ou moins rationnelles6. Il semblerait à ce propos que le calcul aidant d’habitude à tempérer les ardeurs de va-t-en-guerre (lesquels ne sont pas forcément tous des brutes galonnées), entre coûts, risques et gains, s’effacent souvent devant des volontés situées assez en amont de la rationalité ordinaire. La combinaison des éléments entrant en composition dans la dynamique des situations de guerre, est de fait toujours instable et le déclenchement des hostilités n’est jamais totalement certain jusqu’à leur coup d’envoi la première frappe ou la première escarmouche. On l’a vu lorsqu’Obama, faisant marche arrière, annulait le 31 août 2013 une campagne de bombardement aériens contre Syrie prévues une poignée heures plus tard.

Au-delà de ces considérations, il faut tenir compte d’un puissant invariant  : la guerre, dans quelque cas, intervient hors de toute causalité ou utilité manifeste et tangible. En clair  : on fait la guerre non parce que il n’y a pas d’autre issue pour dénouer une crise réelle (c’est-à-dire non créée artificiellement), mais parce que l’on veut la faire. Et qu’ensuite pour la gent militaire, entendre, c’est obéir… les Rouages et leviers démultiplicateur font le reste. Une fois la machine mise en branle, celle-ci avance sur sa propre inertie. Maintenant quant à la volonté discrétionnaire d’en découdre, reportons-nous à la rhétorique belliciste du fort au faible qui nous renvoie derechef à ce chef d’œuvre de la philosophie politique qu’est la fable de M. de La Fontaine «  Le Loup et l’agneau  » (1668)… et peu importe que le dit mouton soit ou ne soit pas - en l’occurrence l’Iran - une piètre figure de l’innocence incarnée.

Gustave Doré 1866

L’inéluctabilité de la guerre

Ainsi M. Trump, dont la marge de manœuvre, à deux ans d’un putatif renouvellement de son mandat, est quasi nulle… Parce qu’il doit, entre autres, obéissance et reconnaissance à ses commanditaires milliardaires néoconservateurs (fréquemment d’ex trotskystes), tel l’ultra sioniste Sheldon Adelson7, celui-ci piaffant à l’idée de croiser le fer et le feu avec la République islamique d’Iran (pourvu que ce soit avec le sang des autres bien évidemment). En face, l’Iran retrousse les babines, gonfle la poitrine - celle de ses futurs martyrs puisque la sanctification par le sacrifice est au cœur du chiisme fondé sur et par le martyr de l’Imam Hossein - mais ne fait pas le poids face à des missiles de croisières porteurs de micro charges nucléaires, susceptibles de frapper une cible avec une marge d’erreur de quelques mètres seulement.

Une fois posée l’idée que D. Trump se trouve au pied au mur et dans la mauvaise posture de devoir payer ses dettes à ceux qui l’ont soutenu financièrement et politiquement - certes comme la corde soutient le pendu - notamment en faisant obstacle aux diverses manœuvres d’impeachment (destitution) qui l’ont visé et le vise encore, nous ne devons pas perdre de vue qu’une guerre d’une certaine intensité (mais contenue) au Proche-Orient permettrait – peut-être – de relancer aussi l’économie mondiale ou de la faire sortir de l’impasse où elle s’enfonce avec le risque d’un krach mondial autour de 20208. Ce paramètre décisionnel était intervenu – mais à moindre échelle - dans le déclenchement de la Première guerre du Golfe en février 1991, il s’agissait alors, grâce aux chantiers de reconstruction du Koweït, d’une relance limitée de l’économie américaine aux performances alors fléchissantes.

Si l’on a pas ces différents éléments en tête, l’on se condamne irrévocablement à ne rien comprendre à la géopolitique et à s’offusquer naïvement et à contretemps des positions de l’ambassadeur des États-Unis aux Nations Unies, Mme Nikky Haley, devant le Conseil de Sécurité. Il est en effet de bon ton de présenter comme particulièrement dangereuse sa diplomatie du bras-de-fer en mettant en cause ses facultés mentales (reflets de celles de son patron le président Trump), sans voir que si le danger s’actualise aujourd’hui, il a toujours été présent depuis plus de trois décennies et n’a pas changé de nature ni d’un iota au cours de ce laps de temps.

Il s’agit de bien saisir l’essence de la politique extérieure des États-Unis, laquelle s’habille volontiers de douteux messianisme – convertir les peuples du monde à la démocratie libérale en passant si nécessaire par la phase chaos, le prix à payer – pour légitimer ses guerres de conquête. Dès 2001, Michael Ledeen, l’un des théoriciens les plus en vue du Nouveau Siècle américain, préconisera pour l’Irak l’application d’une politique du “chaos constructif”, celle-ci faisant un écho appuyé à ce qui fut mis en œuvre en 1944 dans l’Allemagne de la défaite par le très influent Secrétaire au Trésor du président Roosevelt, Henry Morgenthau, qui voulait voir les vaincus ramenés à une sorte de moyen-âge préindustriel9.

Cette politique de destruction de la communauté nationale irakienne forgée par le Baas, prit la forme d’un conflit intérieur de basse intensité, d’affrontements et de terrorisme intercommunautaire sans répit avant l’apparition de l’État islamique, acmé de cette politique. De ce point de vue, la stratégie de la Grande Amérique de gouvernance par le “chaos” est une réussite montrant s’il en était besoin qu’une reconstruction crédible de la nation irakienne assortie d’une paix durable n’ont jamais été les véritable objectifs de la puissance occupante. De ce point de vue le projet néoconservateur de dislocation des entités nationales afin de les neutraliser définitivement (faire sauter un à un les verrous de souveraineté) et d’en faire des jouets dociles au service de leurs politiques énergétiques (et des pièces disponibles sur l’échiquier des confrontations tectoniques), constitue à ce jour un succès non démenti.

Un non-état de fait sur lequel il serait bon de se pencher maintenant parce qu’il pourrait nous aider à comprendre des événements qui interviennent sous yeux effarés sans que nous ne puissions vraiment en appréhender la signification ni en démêler utilement les tenants et aboutissants. En France, outre fabriquer le terreau d’un futur conflit intercommunautaire10, l’incendie de Notre-Dame – une opération de type militaire - pourrait être un signal fort envoyé au pouvoir très occupé par l’actuelle crise des Gilets Jaunes et par la montée des populismes, tandis que le couple moteur de l’Europe, le binôme franco-allemand, bat de l’aile, et que nous, contrairement à l’Amérique sise sur l’autre rive de l’Atlantique Nord sera loin du champ de bataille, nous serons au cœur de la tourmente. L’on comprend ici que la France, seul pays de l’Union possédant une véritable capacité de projection de forces, ne soit pas autorisée à renâcler ou ni même à traîner les pieds. Un bon coup de semonce - à l’heure où l’État hébreu multiplie, jour après jour, les frappes d’intimidation sur le territoire syrien (17 et 18 mai 2019) - devenait nécessaire dans le contexte favorable d’intérêts croisés, autrement dit de pistes multiples et soigneusement brouillées permettant de masquer la vraie nature de l’attentat de Paris.

La politique du chaos dé-constructif en Orient et en Occident

C’est dans cet ordre d’idées que nous devons établir un parallèle intéressant entre l’incendie particulièrement fortuit de la cathédrale de Paris et la destruction – trop oubliée - de la mosquée de Samarra au Nord de Bagdad en février 2006… parce que ce sont partout les mêmes voies et moyens qui sont utilisés pour embraser les peuples, faire se battre les montagnes et s’affronter les groupes ethniques et confessionnels dans de cruelles guerres civiles… ou à se faire écharper pour le roi de Prusse, de Washington et de Tel-Aviv. Cela consiste par exemple à s’attaquer aux symboles dans lesquels s’incarne puissamment l’âme des communautés que l’on cherche à dresser les unes contre les autres. En ce sens, l’affaire de Notre-Dame est à analyser, penser et repenser à l’aune de ce précédent attentat – quoique passé complètement inaperçu des opinions du Couchant, tout occupées à boucler les fins de mois, payer les traites, préparer de dispendieuses vacances et se laisser laver le cerveau par les lucarnes hypnotiques, ce super opium des peuples - que certains ont pu sans exagération (et à juste raison) qualifier de 11 Septembre  islamique11. Un cas d’école riche d’enseignements pour appréhender de quelle manière les opinions et leurs gouvernements sont astucieusement manipulés, maniés à la carotte et au gros bâton, tandis que les stratèges de la tension intercommunautaire, et entre les nations et les peuples, s’ingénient à incendier les charpentes sacrées de la spiritualité tant orientale qu’occidentale… superstructure sans laquelle, le monde devenu informe, serait dominé par cette anarchie dont rêvent l’eschatologie vétérotestmentaire.

À l’évidence, ceux qui organisèrent l’attaque de Samarra commirent ce forfait à bon escient (et sous uniformes d’emprunt), car ils visaient l’un des lieux les plus saints de l’islam, soit les tombeaux des Xe et XIe Imam, descendants directs du Prophète. Mais il ne s’agissait pas de détruire des reliques impures comme s’y emploieront plus tard avec assiduité et méthode les forcenés du wahhabisme, ceux de l’État islamique et de l’éphémère califat proclamé à Mossoul le 9 avril 2013. Ceux-ci récolteront, sous couvert de retour à la pureté originelle du message coranique, une ample moisson de ruines et de vestiges archéologiques dont beaucoup alimenteront le florissant trafic international des œuvres d’art et biens culturels… lequel viendrait en troisième position de l’économie souterraine derrière les narcotrafics et le commerce des armes12  !

Ceux qui planifièrent la destruction de la mosquée de Samarra cherchaient de toute évidence à déclencher en Irak une guerre civile… car il n’était pas encore question à cette époque d’un quelconque État islamique. Qui pouvaient-ils être  ? Des Sunnites aveuglés par la haine du chiisme  ? Des Kurdes par ressentiment ethnique13  ? Antagonismes qui, à eux seuls, n’auraient jamais pu justifier un attentat d’une portée théologique et partant, politique aussi immense. En fin de compte, voir des musulmans “ordinaires” s’attaquer au sanctuaire de Samarra est aussi absurde que de supposer des musulmans “normaux” (non manipulés, non fêlés et non endoctrinés à outrance suivant les préceptes schismatiques du wahhabisme qui considère la vénération des Saints et de leurs reliques comme de l’idolâtrie impie) s’attaquer à Notre-Dame comme certains ont pu le suggérer… Sachant que la Vierge Marie, Sainte mère du prophète Issa (Jésus), occupe une place éminente dans le panthéon musulman  ! La dernière demeure terrestre de Notre Dame, sur la colline des Rossignols à proximité d’Ephèse, n’est-elle pas un sanctuaire où se conjuguent - en harmonie - l’islam et le christianisme, comme c’était d’ailleurs le cas dans la plus part des monastères du Nord de l’Irak et en Syrie, avant que ne s’y diffuse très fortuitement le chaos14.

Des raisons fortes à l’appui d’une thèse incendiaire

Un conclusion s’imposait alors, celle l’action de certains séides ou commensaux des faucons néoconservateurs américains, machiavéliens plus ou moins animateurs de l’État profond, décidés à tout afin de réduire la tumeur irakienne et remanier de fond en comble la carte de l’Orient musulman. Déduction en parfaite congruence avec les lignes de forces géopolitiques et les logiques de conquête sous-tendant l’occupation armée de l’Irak par les États-Unis. Insistons sur ce point  : pour qui connaît un tant soit peu l’Orient non mythifié, il aurait été totalement impensable que des Kurdes (majoritairement sunnites), comme tout autres irakiens, sunnites ou chiites, tous croyants sans exceptions, puissent perpétrer un tel forfait. L’on doit se replacer dans le contexte de pays où la foi est encore vivante avec une force devenue aujourd’hui inconnue et incompréhensible en Occident. En clair, cela signifie qu’aucun Irakien, même laïc et baasiste, n’aurait été susceptible – sauf à brûler dans les flammes de l’enfer éternel – de perpétrer un tel sacrilège. Penser le contraire dépasse l’entendement  ?

Ce pourquoi, si en France une part notable de l’opinion s’est refusée à gober la fable de l’accident accidentel, nous devons porter notre regard au-dessus du millefeuilles des mobiles et des raisons suffisantes  : opération financière, commerciale et immobilière  ; vengeance divine et fanatisme talmudique  ; athéisme laïcard promoteur d’une religion républicaine15 messianique sans fard  ; et, last but not least, des considérations géopolitiques majeures entrant en synergie avec des intérêts présentés comme vitaux pour les États-Unis, son complexe militaro industriel, les Sept sœurs (les cartels pétroliers), ses groupes de pressions, en un mot ses oligarchies et ses cryptarchies dominantes. Voyons à présent comment tout cela s’articule…

Le 18 avril dernier, un vote du Parlement européen de Strasbourg, créait un Fonds Européen de la Défense de 13 milliards d’euros afin de doter l’Union européenne d’une relative autonomie en particulier pour la recherche industrielle et scientifique en matière de sécurité collective. Une volonté d’indépendance stratégique qui inquiète évidemment Washington, les 27 étant accusés de «  mettre en péril des décennies de partenariat transatlantique en matière de production d’armes, et de coopération militaire  ». Soit, traduit en langage courant, de menacer l’existence même des prérogatives et privilèges de l’OTAN… Allant jusqu’à menacer à demi-mots les Européens de “représailles” s’ils devaient poursuivre la construction d’un force opérationnelle indépendante. En gros et en clair, les Américains veulent garder leur mainmise sur la défense européenne, laquelle leur assure, à travers un vaste marché captif, un quasi monopole de vente sur certains armements et équipements.

L’Amérique veut tenir l’Union européenne en lisière… serrée

Ajoutons que dans un contexte de guerre commerciale chaude, non seulement contre la chine, mais également avec l’Europe16, le discord s’accroît aussi entre les deux rives de l’Atlantique, mais là n’est pas le plus grave. Dans ce contexte d’éloignement de l’Europe et de Brexit rampant (s’il sort de l’Europe, le Royaume-Uni, gardien vigilant des intérêts américain au sein de l’Union, ne sera plus là pour mettre son veto à toute velléité d’indépendance européenne et singulièrement en matière de Défense), la hantise du Département d’État est de voir se renouveler aujourd’hui (alors que la montée des tensions s’accélère au Proche-Orient) la pénible et punissable situation de 2003 quand la France, l’Allemagne et le Canada (on passe toujours ce dernier sous silence) avaient refusé de participer à la guerre d’agression (en transgression de la légalité internationale) contre l’Irak. On sait également qu’en cas de conflit avec l’Iran, la fermeture du détroit d’Ormuz pourrait constituer un casus belli impliquant l’engagement de l’Otan17… c’est à dire de la totalité de l’Europe alors tenue par l’article V de la Charte atlantique, laquelle fait obligation à tous les membres de l’Organisation de la suivre dans sa course à l’abîme dans un tel cas de figure.

On comprend au regard de l’importance de l’enjeu que l’on puisse recourir à tous les moyens, même les plus radicaux, utiles à faire rentrer Paris dans le rang, c’est à dire à s’inscrire sans barguigner sur l’axe de la guerre… et s’y maintenir en dépit de la pusillanimité du président français qui devant Rome en flammes, se rendit sur les lieux, bras dessus, bras dessous avec un Premier ministre incongrûment rigolard. Déjà en 2017, M. Macron s’était imprudemment écarté de la ligne rouge tracée par Washington, ligne de démarcation relative au changement de régime en Syrie (Macron ne faisait plus du renversement du président Assad un préalable absolu). Un an après, en juillet 2018, éclatait l’affaire Benalla par laquelle ses commanditaires mondialistes le clouaient au pilori de la mauvaise gouvernance via le truchement de leur journal officiel “Le monde”. Cette piqûre de rappel destinée à le maintenir dans le droit chemin euratlantique ne pouvait évidemment pas suffire dans la perspective d’un conflit ouvert avec l’Iran annoncé et préparé depuis près de deux décennies. Au final, si M. Macron redevient un bon élève de la classe atlantiste, il sera agréablement gratifié d’un hochet, des «  Grands travaux  » à la mesure du gros Ego de notre petit marquis, le chantier prestigieux de la reconstruction (restauration  ?) de la cathédrale de Paris adossé au projet du futurama touristique des «  Deux Îles  ». Quant à Trump et à l’Aipac, ils auront, eux, leur « guerre  », épisode inévitable autant que pré requis, marquant en Amérique la grandeur de toute présidence démo-républicaine. B. Obama ne dérogea pas à la règle, mais plus finaud, il conduisit les hostilités contre la Jamahiriya libyenne par le truchement des Français, des Anglais et des Italiens et pour le reste… il arrosa une partie du monde avec les missiles de ses drones tueurs.

Notre-Dame de paris - La synagogue coiffée du Serpent

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