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Mettre le Livret A et l’assurance-vie au service des start-up

vendredi 15 février 2019

Pour passer de la « start-up nation » à la « scale-up nation », la France doit libérer l’épargne longue vers les employeurs de demain.
La France a bien fait grandir son écosystème de start-up. Le chiffre historique de 3,6 milliards d’euros levés en 2018 est là pour l’attester. De plus, elle défend une spécificité propre en favorisant la finance verte et socialement responsable.
Parallèlement, la France dispose d’une épargne abondante : assurance-vie, Livret A et retraite, soit environ 2.400 milliards d’euros, avec un horizon temporel long. Celle-ci est malheureusement très mal allouée : trop peu investie dans les entreprises, en particulier les ETI de croissance, elle est souvent déployée par souci de liquidité dans des placements peu productifs de maturité courte. Entreprises, épargnants et richesse nationale y perdent tous de concert... Mobiliser cette épargne vers l’accompagnement des ETI à long terme est donc plus que jamais un enjeu de souveraineté.

Dans l’esprit de la loi Pacte, structurer la croissance des futures licornes françaises est l’enjeu-clef pour dynamiser la croissance, créer des emplois et attirer les talents. Comme martelé par le président de la République, il faut passer de la « start-up nation » à la « scale-up nation ».
Fonds français et européens

La carence en ETI est patente, mais peu d’initiatives tangibles ont été proposées pour financer leur développement vers et au-delà de la cotation en Bourse. Or le besoin de refinancement en fonds propres de ces licornes est estimé par BPI à 17 milliards d’euros d’ici à fin 2021, ce qui est énorme. Sans solution nouvelle, ces licornes seront vendues à des industriels ou à des fonds des Etats-Unis ou d’Asie. Ce serait fort dommage pour la France, qui serait alors le royaume des start-up qui doivent soit rester modestes, soit aller chercher l’argent ailleurs, voire s’expatrier !
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Une solution existe pourtant : elle consisterait à financer ces besoins par des fonds français et européens plus puissants et performants, qui mobiliseraient l’épargne de long terme afin de donner aux sociétés de croissance les moyens de leurs ambitions. L’émergence d’investisseurs-relais qualifiés, capables de financer une nouvelle vague d’investissements de ces sociétés, tout en disposant eux-mêmes d’un horizon d’investissement de très long terme sera vitale pour le développement de la place parisienne, le succès et l’indépendance de notre économie française.

La France se trouve face à un paradoxe sans précédent : jamais la nouvelle économie n’a eu autant besoin de fonds propres à long terme et jamais la collecte nette d’épargne n’a été aussi florissante. Par conservatisme culturel, les structures financières adaptées au financement de cet écosysteme sont en retard sur l’économie réelle ; retrouvons le génie francais et soyons innovants ! Libérons enfin l’épargne longue vers les employeurs de demain !

Marc Simoncini est entrepreneur du digital (iFrance, Meetic, Sensee) ; Alexandre Mironesco, François-Joseph Fürry et Olivier Saez sont associés au sein de IENA Capital, fonds en création, dédié aux ETI de croissance cotées.

@marcsimoncini

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