« Un point de rupture. » En évoquant la semaine dernière le mur énergétique que s’apprêtent à affronter de nombreuses sociétés agroalimentaires françaises, Mathieu Thomazeau, le président de Cofigeo (William Saurin, Garbit) reconnaissait à demi-mot l’impossibilité pour ses conserveries françaises de continuer à fonctionner au vu des prix de l’énergie.
Désormais, la décision est actée. Ce mardi, le groupe connu pour ses marques William Saurin, Garbit, Raynal et Roquelaure et Zapetti a annoncé la mise à l’arrêt prochain de quatre de ses huit usines en France. À savoir les sites de Capdenac (Aveyron), de Pouilly-sur-Serre (Aisne), de Camaret-sur-Aigues (Vaucluse) et de Lagny (Marne).
Cela représente environ 80% de la production du groupe totalement à l’arrêt. Et 800 de ses 1200 salariés français se verront appliquer un accord d’activité partielle de longue durée (APLD). « Cette décision a pour objectif de faire face à la hausse spectaculaire de ses coûts d’énergie (gaz et électricité nécessaires à la cuisson et à la stérilisation des plats et recettes cuisinés), qui seront multipliés par 10 dès le début de l’année », s’est justifié le groupe dans un communiqué.
Facture énergétique de 40 millions d’euros
Déjà la semaine dernière, Cofigeo, qui réalise 330 millions d’euros de chiffre d’affaires dont 90% en France, avait alerté sur l’envolée de sa note énergétique au 1er janvier. « Elle passera du jour au lendemain, de 4 millions à 40 millions d’euros » chiffrait auprès du Figaro Mathieu Thomazeau, son président. Après des mois d’économies, le spécialiste des couscous et cassoulets en conserve estimait ne plus avoir d’autres solutions que de se préparer à stopper ses lignes de production. Le spécialiste de la conserve a ainsi signé il y a quelques semaines un accord avec ses syndicats pour mettre en place une APLD dans ses huit usines françaises. Le but : pouvoir adapter sa production rapidement.
Le groupe « qui met tout en œuvre pour sortir au plus vite de cette situation » ne précise pas la durée d’arrêt de production envisagée. Mais il insiste, à côté de la baisse de sa consommation d’énergie de 10%, « de l’impérieuse nécessité de répercuter ces vagues d’inflation qui vont s’amplifier dès le premier janvier avec la fin de nos couvertures énergétiques ». Depuis le 1er décembre, distributeurs et industriels de l’alimentaire sont ainsi en discussions pour fixer les prix pour 2023. Ces derniers insistant pour une revalorisation sensibles de leurs tarifs fournisseurs, au vu des prix du gaz et de l’électricité.
Ce choix de Cofigeo est un petit coup de tonnerre dans la filière alimentaire. Au vu de l’inflation de ses coûts, celle-ci alerte depuis des semaines sur des risques d’arrêts de production en chaîne. Jusque-là, hormis quelques acteurs de l’industrie lourde comme Duralex, aucun fabricant de l’alimentaire n’avait pris une décision aussi radicale. Selon plusieurs sources, d’autres groupes agroalimentaires pourraient être en grandes difficultés en janvier, fragilisant la continuité de la production.