BEIJING (AFP, REUTERS) - La Chine organise samedi 30 juillet des exercices militaires à balles réelles dans le détroit de Taïwan, a annoncé le gouvernement via les médias d’Etat, faisant monter les enchères avant un éventuel voyage de la présidente de la Chambre des représentants américaine Nancy Pelosi sur l’île autonome.
Les manœuvres seront de portée limitée et se dérouleront au large de l’île de Pingtan, dans la province du Fujian, selon un communiqué publié jeudi, mais rapporté par les médias d’État chinois seulement vendredi.
« Des tirs à balles réelles seront effectués... entre 8h et 21h et toute entrée (dans ces eaux) sera interdite », précise le communiqué du gouvernement, qui ne mentionne pas Mme Pelosi.
Les tensions entre les deux plus grandes économies du monde et leurs rivaux géopolitiques croissants au sujet de Taïwan sont à vif. Le président chinois Xi Jinping a averti le président américain Joe Biden lors d’un appel téléphonique jeudi que « ceux qui jouent avec le feu finiront par se brûler ».
L’administration américaine n’a ni confirmé ni infirmé les informations selon lesquelles Mme Pelosi, une alliée clé de M. Biden, s’arrêterait à Taïwan dans le cadre d’une tournée en Asie.
Mme Pelosi n’a pas non plus commenté publiquement ce projet largement diffusé.
Pékin considère un tel voyage comme une provocation, étant donné sa revendication de souveraineté sur l’île démocratique autonome.
Bien que les responsables américains effectuent souvent des visites discrètes à Taïwan, Mme Pelosi est la deuxième candidate à la présidence et elle utilisera des moyens de transport militaires lors de sa visite en Asie.
La zone où les manœuvres chinoises de samedi doivent avoir lieu est située à environ 120 km de la côte taïwanaise.
Entre-temps, le porte-parole de la Maison Blanche pour la sécurité nationale, John Kirby, a déclaré vendredi que les États-Unis n’ont vu aucune preuve d’une activité militaire chinoise imminente contre Taïwan, lorsqu’il a été interrogé sur une éventuelle visite de Mme Pelosi sur l’île.
« (Nous) n’avons vu aucune indication physique, tangible, de quoi que ce soit de fâcheux en ce qui concerne Taïwan », a déclaré M. Kirby aux journalistes.
La Chine a intensifié ses activités militaires autour de Taïwan afin de faire pression sur le gouvernement démocratiquement élu de l’île pour qu’il accepte la souveraineté chinoise. Le gouvernement de Taïwan affirme que seuls les 23 millions d’habitants de l’île peuvent décider de leur avenir et que, tout en souhaitant la paix, il se défendra en cas d’attaque.
Mme Pelosi, qui, en tant que présidente de la Chambre des représentants, occupe le troisième rang dans la hiérarchie du pouvoir américain après M. Biden et la vice-présidente Kamala Harris, a signalé vendredi qu’elle allait faire un voyage en Asie. Elle n’a pas précisé qu’elle se rendait à Taïwan.
« Je suis très enthousiaste, si nous y allons, pour les pays dont vous entendrez parler en cours de route », a-t-elle déclaré, après avoir évoqué l’importance des relations entre les États-Unis et l’Asie-Pacifique.
La Maison-Blanche a refusé de commenter les informations selon lesquelles elle se rendrait à Taïwan. « Où elle va et ce qu’elle va faire, c’est à l’orateur d’en parler », a déclaré M. Kirby aux journalistes.
M. Kirby a déclaré que les responsables américains ont vu une rhétorique belliqueuse de la part de la Chine au sujet d’un voyage potentiel de Mme Pelosi et a dit « qu’il n’y a pas besoin de cela ».
Un responsable militaire américain, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a déclaré que l’armée n’avait jusqu’à présent pas envoyé de navires ou d’avions supplémentaires près de Taïwan ces derniers jours.
Les États-Unis ont déjà une importante présence militaire en Asie-Pacifique, notamment autour de la mer de Chine méridionale, dans laquelle navigue actuellement un porte-avions américain.
