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McKinsey financé par les agences régionales de santé (ARS)

mercredi 20 avril 2022

L’autre scandale McKinsey c’est la privatisation de l’Hôpital.
Jérôme Salomon est le rouage essentiel du dispositif qui organise le financement du travail de McKinsey auprès des CHU.

  • « Tout passe par le filtre de la direction générale de la Santé […] Elles sont retraitées par l’administration, mon cabinet et ensuite mon directeur de cabinet », explique-t-il, avant de préciser qu’il ne retient « pas à chaque fois » un scénario présenté par son administration. Audition d’Olivier Véran au Senat
  • « Le responsable technique du dossier ARS pour Roselyne Bachelot avait été recruté chez McKinsey, et il reparti dans son cabinet dès son travail achevé. La mise en place de l’ARS a par ailleurs été organisée en partie par Capgemini. Dans le groupe de travail ARS au ministère de la Santé, il y avait plus de consultants de Capgemini que de hauts fonctionnaires, qui dénonçaient d’ailleurs l’omniprésence de ces consultants, leur reprochant de ne rien connaître aux cultures professionnelles, aux corps de l’administration de la santé… »
  • « McKinsey, qui ne connaît rien à la vaccination, assiste le ministère, alors que l’on a des spécialistes et une administration capable d’élaborer logistiquement la campagne de vaccination. Je trouve également scandaleux que McKinsey ait fait de l’argent en conseillant les autorités sanitaires confrontées à la pandémie. »
    Frédéric Pierru Sociologue-chercheur au CNRS

Thomas London dirige les pôles d’activité Santé et Secteur public du bureau français. Il est l’un des leaders du pôle de compétences Santé en Europe.
Thomas London a participé aux travaux de la Commission Marescaux sur l’avenir des Centres Hospitaliers Universitaires, et fait partie du groupe de veille Santé de l’Institut Montaigne.
Thomas London est ingénieur, diplômé de l’Ecole Centrale de Paris et du Massachussets Institute of Technology. Il est également titulaire du MBA de l’INSEAD.

Le MIT est l’anti chambre de la CIA.

MCKINSEY ESPÈRE POURSUIVRE SON DÉVELOPPEMENT SUR LE MARCHÉ HOSPITALIER GRÂCE À SON EXPÉRIENCE INTERNATIONALE

(Par Sylvain LABAUNE)

PARIS, 23 janvier 2019 (APMnews) - Le cabinet de conseil McKinsey souhaite continuer le développement en France de son activité d’accompagnement des hôpitaux grâce à son expérience internationale « en matière de transformation des systèmes de santé », a déclaré lundi à APMnews Thomas London, directeur associé, responsable des pôles d’activité santé et secteur public français.

McKinsey a remporté en décembre 2018 un appel d’offres pour accompagner le CHU de Nice dans la mise en œuvre de son schéma directeur immobilier. Le contrat, d’un montant de 568.000 euros, est entièrement financé par l’agence régionale de santé (ARS) Paca (cf dépêche du 07/01/2019 à 18:53 et dépêche du 06/07/2018 à 18:10).

Le cabinet de conseil travaille également avec l’Assistance publique-hôpitaux de Marseille (AP-HM) depuis 2018, notamment pour la thématisation par site de son offre de soins dans le cadre du plan de modernisation (cf dépêche du 07/12/2018 à 13:07), et auparavant avec les Hospices civils de Lyon (HCL).

« Cela fait de nombreuses années que nous sommes présents sur le secteur hospitalier. Nous accompagnons chaque année plusieurs centaines de projets pour des hôpitaux à travers en France, en Europe ou dans le monde », a expliqué Thomas London.

Le cabinet revendique environ 2.000 consultants santé à travers le monde, dont près de 500 avec des diplômes spécifiques en santé, comme des médecins ou des docteurs en sciences de la vie.

En France, « nous intervenons aussi bien auprès du secteur hospitalier public que privé. Nous couvrons une palette d’activité assez large [...], de la conception de projets médicaux ou d’établissements à la mise en œuvre de plans de modernisation ».

« Nous fournissons un accompagnement qui va de la conception à la mise en œuvre effective, et travaillons également beaucoup sur des sujets opérationnels comme l’amélioration des prises en charge de patients aux urgences, dans les blocs opératoires ou encore en unités de soins. »

« Cela passe en général par un travail de conception et d’architecture d’un plan de modernisation complet, qui s’accompagne d’une réflexion, menée avec les acteurs hospitaliers, sur la meilleure manière de répondre aux enjeux de l’établissement tout en mobilisant l’ensemble de la communauté hospitalière et en impliquant notamment la communauté médicale et les soignants », a-t-il poursuivi.

L’objectif est de « s’assurer d’un impact tangible et rapidement visible de sorte que les chantiers se traduisent très vite par une amélioration des prises en charge, de la satisfaction des personnels et des patients mais aussi par des changements durables des modes de travail ».

Il ne s’agit « pas seulement d’un point de vue économique », même si le cabinet aide aussi « les établissements à retrouver des marges de manœuvre financières et des capacités, in fine, à réinvestir dans l’amélioration des prises en charges et l’innovation », assure-t-il.

L’hôpital en cours de redéfinition « profonde »

Interrogé sur l’impact des réductions tarifaires, Thomas London soutient que les enjeux auxquels sont aujourd’hui confrontés les hôpitaux « ne portent pas simplement sur l’aspect des coûts ».

S’il est certain qu’il « existe une pression tarifaire qui impose chaque année d’améliorer l’efficience », « on assiste à une redéfinition profonde des modes de prise en charge à l’hôpital, avec des séjours de plus en plus courts et une complémentarité plus grande avec les soins de ville ».

« Dans notre système de santé comme ailleurs dans le monde, l’hétérogénéité des prises en charge est un enjeu crucial. Des prises en charge variables et non optimales en ville comme à l’hôpital conduisent, à l’échelle de la France, à plusieurs dizaines de milliers de morts évitables par an », assure-t-il.

« La disponibilité des données de santé va permettre d’apporter plus de transparence sur ces enjeux, et élèvera encore le niveau d’exigence pour les hôpitaux sur la qualité des prises en charge et l’expérience patient. »

Par ailleurs, « les tensions sur les ressources humaines sont croissantes. Un autre objectif explicite de notre travail est de parvenir à construire des modèles de fonctionnement qui redonnent de l’attractivité à l’exercice des professions et aux parcours professionnels dans les établissements », poursuit-il.

Obtenir des résultats rapides

Thomas London met en avant l’assise internationale de McKinsey, développée depuis plusieurs années dans une quarantaine de pays et qui « nous permet d’apporter des améliorations substantielles très rapidement ».

« Nous nous inspirons de pratiques éprouvées pour apporter des idées nouvelles notamment sur le digital, l’utilisation de la donnée de santé et sur les prises en charge innovantes. »

« Par exemple, pour être intervenus dans de nombreux services d’urgence, nous visons le plus souvent 30% ou 40% d’amélioration des temps de passages, ou des taux de fuite en aval des urgences, en l’espace de trois mois », assure-t-il.

« La logique est de rendre cet impact visible au bout de quelques semaines d’intervention. Il est crucial de montrer aux personnels que les choses peuvent s’améliorer très vite. C’est ainsi que l’on peut ancrer une vraie dynamique de transformation. »

« Un autre point, qui est peut-être le plus important de tous, c’est que notre ambition est de réussir à accompagner des plans de modernisation ou de transformation à la fois rapides et durables. Il ne s’agit pas d’empiler des chantiers opérationnels les uns après les autres, mais vraiment d’arriver à concevoir une ingénierie et une conduite de la transformation dans une logique globale, cohérente et donnant du sens », affirme-t-il.

Interrogé sur les perspectives de développement de McKinsey sur le marché hospitalier français, Thomas London a déclaré que l’objectif n’était pas « de se donner des objectifs chiffrés » mais de « contribuer à la transformation du secteur hospitalier en accompagnant ses principaux acteurs ».

Dans un référé publié en juillet 2018, la Cour des comptes a estimé que les productions de consultants à destination des hôpitaux donnaient des résultats « souvent peu satisfaisants » au regard des « prestations attendues ». Les magistrats ont notamment préconisé que les établissements fassent appel plus fréquemment à leurs ressources internes (cf dépêche du 09/07/2018 à 16:30).

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