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Comme Macron, Nicolas Sarkozy a été crée par un cabinet de consulting : le Boston Consulting Group

mercredi 30 mars 2022

Dans les années 2000, avec la politique de réforme de l’État, des cabinets de conseil ont été sollicité, comme McKinsey, dans la privatisation partielle de la Poste.
Le « management par la performance » permet à des cabinets de consulting comme McKinsey, Accenture, Capgemini, Boston Consulting Group, Ernst & Young de décrocher de juteux contrats dans le cadre des « audits de modernisation » à partir de 2006.
Le conseiller technique en charge du dossier ARS au cabinet de Roselyne Bachelot (Ministre de la santé) était lui-même issu de McKinsey, où il est d’ailleurs retourné après l’adoption de la loi HPST.

D’après « le Canard enchaîné », le cabinet américain Boston Consulting Group était entre 2012 et 2013 l’un des plus gros clients du député UMP Luc Chatel qui a perçu 230 000 euros en deux ans par l’intermédiaire de sa société LCH.
Le principal client de LCH était le Boston Consulting Group.

Sarkozy sous influence du Boston Consulting Group (BCG)

On s’en doutait. Pour que la France et le monde aillent mieux, Nicolas Sarkozy souhaite donner toutes les chances à l’initiative privée, et surtout la sienne. Une fois président de la République, on peut craindre qu’il rebaptise cette fonction Chief Executive Officer (CEO) de « Marianne Incorporated ».

Mais, toute grande entreprise, dans un monde secoué par la tempête de la mondialisation et des nouvelles technologies, ne saurait survivre que grâce aux bons offices et excellents conseils d’experts et de consultants, bientôt « au service » de leur nouveau client, la France.

Il était donc grand temps de faire plancher les cadres de l’UMP avec des conseillers en stratégie d’entreprise pour élaborer un programme. C’est chose faite, puisque le 4, 6, 11 et 13 juillet, « ils découvrirent », aux cotés de François Fillon et de Nicolas Sarkozy, trois autres personnes qui les attendaient.

Comme le décrivait Le Monde du 14 sept. « Au fur et à mesure de leurs réunions, ils s’habitueront à leurs interventions, à leur exigence d’abandonner la langue de bois des politiques, et à passer des drôles de tests. Un jour, ils devront chercher une forme masquée dans une figure géométrique, parce que l’évidence n’est pas toujours visible. Un autre, ils s’imagineront en rédacteur en chef d’un journal chargé de commenter une réforme qui leur tient à cœur, parce que le savoir-faire doit se conjuguer au faire savoir. Ces trois hommes inconnus sont les animateurs du cabinet international Boston Consulting Group (BCG). »

Si l’idée vient de Gérard Longuet, la responsable des études de l’UMP, Emmanuelle Mignon, affirme que « nous avons des experts, des députés avec des idées, mais pas de méthodes de travail. BCG a comblé ce manque. »

Suite à ce véritable brainstorming, à laquelle se sont joint les ex-ennemis du candidat, Copé, Perben, Baroin et Dutreil, une liste de 250 propositions, parfois contradictoires, parfois complémentaires, a été soumis à Sarkozy.

Ce dernier a commencé l’élagage en criant « Je veux quinze mesures première division. »
Boston Consulting Group

Mais quelle est cette boite à idées appelé Boston Consulting Group ? Selon son site Internet, la BCG « apporte à ses clients son expérience et sa compréhension unique des règles du jeu concurrentiel. Il aide les directions générales à identifier, évaluer et mettre en œuvre les orientations majeures qui leur permettront d’améliorer la performance économique et financière de leur entreprise et de développer des avantages concurrentiels durables. Le BCG intervient sur tous les enjeux majeurs auxquels les directions générales sont confrontées. Les missions qui lui sont confiées vont de l’analyse à l’accompagnement et à la mise en œuvre de solutions sur mesure adaptées à la situation spécifique de chaque client. »

Fondé à Boston en 1963 par un ancien vendeur de bibles, Bruce D. Henderson, le BCG est devenu aujourd’hui une multinationale du conseil en gestion et de management d’entreprises comptant quelques 2600 consultants dans le monde couvrant 60 pays. Le bureau parisien de la société, fondé en 1972 après celui de Tokyo et de Londres et un des plus importants dans le monde avec 200 consultants venu des grandes écuries françaises (Centrale, Mines, X, ESSEC, ENSEA, etc.) ou ayant obtenu des MBA à Harvard, Chicago ou Columbia. Le bureau parisien compte 33 « vice-présidents associés. »

Henderson passa de l’université Vanderbilt, de la Harvard Business School et de Westinghouse pour travailler au service conseil de la Boston Safe Deposit and Trust Company, subsidiaire de la Boston Company, racheté en 1993 d’American Express par l’empire financier de la famille ultraconservatrice Mellon.

Xavier Mosquet, un français actuellement senior vice-président du BCG à Detroit et proche des négociations tordus entre l’actionnaire de Général Motors Kirk Kerkorian et Carlos Ghosn de Renault-Nissan, n’a jamais caché la philosophie du BCG.
Délocalisations : oui merci !

Coauteur d’une étude du BCG The Value Creators : A study of the world top performers qui analyse les meilleurs performances financiers de plus de 5000 entreprises entre 1993 et 1998, la conclusion du rapport affirme que : « Les managers disposent de trois leviers pour créer de la valeur : le cash disponible, la productivité des actions et l’investissement. » Mais, attention, si « La croissance a été un moteur pour la création de valeur aux Etats-Unis, en Europe ce sont les restructurations qui sont le levier préféré. »

Mosquet est aussi un défenseur zélé de la mondialisation et son cortège de délocalisations qui, selon lui, s’exprimant dans une autre étude de juin 2004, ne détruisent pas des emplois, mais globalement, permettent d’en créer. Car, dit-il : « Depuis les années 1970, la productivité est le premier destructeur d’emplois. (...) En revanche, la mondialisation a bénéficié aux entreprises françaises et à l’emploi de ces entreprises en France. »

La chute dramatique de l’emploi industriel (passé de 38 % dans les années 70 à moins de 18 % aujourd’hui) est selon lui « un facteur naturel d’érosion, qui libère des ressources pour le développement des services, à l’instar de ce qui s’est passé entre l’agriculture et l’industrie au début du XX e siècle. » Même son de cloche concernant le rapprochement éventuel de GM avec Renault : « GM a des ressemblances avec Renault ou Nissan de l’époque : la société a encore en son sein une bureaucratie qui nécessite une vraie transformation culturelle. Les trois sociétés peuvent constituer ensemble une réelle opportunité de création de valeur ».
French MBA Club

Pour donner encore plus de prestige à ce réseau politico financier de plus en plus avide de confisquer le pouvoir politique en temps de crise, un « French MBA Club » a été fondé en mars 2002 dont l’objectif est de « permettre aux étudiants français en MBA aux Etats-Unis de se rencontrer et de partager leur expérience  ».

Qui sont les sponsors de ce club ? Les banques ultra spéculatives de Wall Street : Goldman Sachs, Lehman Brothers et ceux capables de faire accepter leurs politiques aux universités, entreprises et gouvernements, le Boston Consulting Group. Sur le thème sarkozien du « Futur de la France et de ses entreprises ; redynamiser et moderniser l’économie française », le French MBA Club a réuni en 2005 à Philadelphie Noël Forgeard ancien co-président d’EADS, Jean-Marie Messier, ancien président de Vivendi et Xavier Mosquet du BCG.

Si cette année-là, Jean-David Levitte, ambassadeur de France aux Etats-Unis a présidé le dîner de clôture de la conférence, il fut conférencier en 2004 aux cotés de Jean-Louis Gergorin, ancien directeur de la stratégie d’EADS et Jean-Paul Agon, PDG de l’Oréal USA.

En France, Michel Frédeau, directeur du bureau parisien du BCG, a été appelé le 7 avril 2004 à témoigner devant le Sénat sur les « méthodes de contrôle budgétaire » et Didier Ribadeau-Dumas, l’actuel senior vice-président du BCG à Paris, siège au comité de surveillance de La Banque postale, véritable magot convoité par les spéculateurs de tout poil.

Comme nous l’avons déjà souligné dans un article sur la French American Foundation, nous appelons de tous nos vœux une meilleure entente entre la France et les Etats-Unis pour rebâtir le monde de demain. C’est d’ailleurs au nom de cette amitié que nous ne pouvons tolérer que ces relations soient confisquées par un quarteron de spéculateurs opérant entre le 8e arrondissement et Wall Street.

En tout cas, Didier Ribadeau-Dumas, ancien haut fonctionnaire du trésor, énarque et senior vice président du BCG à Paris, écrivant sous le pseudonyme de Paul Van Giers, s’affole sur le blog Débat 2007.fr de ne pas connaître réellement les intentions de Ségolène Royal, et lance des appels aux « éléphants » de son parti, pour qu’ils fassent savoir, en cas où « par erreur, elle était adoubée par les militants et devenait la candidate officielle, pour éviter le pire à la France, vous ne la soutiendriez pas. »
Quant à l’UMP de Nicolas Sarkozy : à force de méthodes qui consistent à introduire des gros requins dans le bocal de l’UMP voulant transformer des carpes en piranhas, il est fort à craindre que l’instigateur de la manœuvre finira un jour par glisser lui-même dans l’aquarium mortel.

Karel Vereycken

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